POUR UNE POIGNEE DE CLINTOPHILIE
Et si on jouait un peu
au calcul mental ? Savoir lequel des deux bouquins
superbement illustrés vaut la peine d’être
achetés. C’est rude comme argument critique non ?
Bon, c’est vrai que là, comme ça, j’ai une
longueur d’avance sur vous, vu qu’en plus j’ai quasi collée
à mon ordinateur ma calculette convertisseuse euro…
Alors, esprit cartésien un brin fauché, investir
dans l’ouvrage de Nicolas Chemin ne vous ruinera pas…et
vous faites en plus une bonne affaire. Maintenant, il s’agirait
de scruter d’un peu plus près ces deux études ;
où le pavé de Brion, tel un Goliath, tendrait
à éclipser, de par sa nature exhaustive (douce
rêverie féminine devant le florilège
charnel du sieur Clint…) le mince et élégant
jeune éphèbe David en la personne Chemin.
Tout le monde connaît la fin de l’histoire….
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Oui, mais voilà
que je vous conseille les deux (j’avoue mon faible pour
David…) et qu’ils sont si dissemblables qu’ils en arrivent
à former un beau couple, un peu comme Laurel et Hardy
(suivez mon regard… !) Car en dévorant des yeux,
les doigts fébriles, l’ouvrage de Brion, (très
sobrement intitulé Clint Eastwood) on en a
plein la vue ! Du Clint sous toutes les coutures (la
photographie page 54 vaut le détour pour les adeptes
du poigné d’amour…) Les informations sont précises
et claires comme l’iconographie magistralement riche. Normal
me diriez-vous venant d’un homme comme lui. Effectivement,
chaque année, Patrick Brion édite un album
de ciné et nous donne à vivre un rendez-vous,
ma foi, fort plaisant, surtout en période de fin
d’année où l’on se creuse la tête (
tout en vidant son porte monnaie…) à dénicher
quelque présent de première classe. On se
souvient tous de ces grands livres reliés et en couleurs
sur le Western ou la Comédie Musicale et plus encore
sur Tex Avery (lui aussi abonné au poste télévisuel
à chaque Noël) que l’on aime feuilleter, négligemment
affalé au coin de la cheminée (ça c’est
pour le bobos) (1).
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Nécessaire par
la somme de renseignements glanés dans les ouvrages
anglo-saxons et français parus sur le cinéaste
jusqu’à ce jour ; le livre de Patrick Brion est à
utiliser comme un dictionnaire. On y retourne pour vérifier
une date, un détail de production, une info de casting.
On s’amuse, si on est curieux, à lire les génériques,
on repère des noms à voix haute, et, commence
alors, presque à notre insu, un travail de déchiffrement
et de recoupement où l’on constate, in fine, que
le cinéaste américain a bâtit sa carrière
avec une poignée de fidèles, toujours au poste
après quarante ans de bons et loyaux services. Un
peu comme notre Patrick national qui, depuis plus de 27
ans, berce nos oreilles de ciné-clubbers de France
3 du dimanche soir, avec ses inflexions montantes spectrales
(ah que de frissons encourus à l’écoute de
cette inimitable voix sans visage…) Le hic commence à
l’analyse critique, un brin formelle et disons le net, parfois
décevante pour tout eastwoodien titillé par
le démon de l’interprétation. Je reste un
peu sur ma faim lorsque je lis ceci à propos
d’un des plus grands westerns américains du cinéma
et son plus beau film (là, c’est moi qui, carrément,
lui décerne cette distinction !) Josey Wales,
hors la loi : " la longue scène
entre Josey Wales et lui, où ils se confient l’un
à l’autre et deviennent frères de sang, est
très belle"