CRASH TASTE
Il n’est en réalité
de vénérable que la possibilité de toucher.
A la faveur de ces derniers
temps, le désir de l’uppercut, l’impact de l’impossible
prendra la forme d’un disque : L’Enfer tiède
de Programme.
L’impossible résonne
déjà, déchue de discussions marries au
sujet du dit groupe : impossible à écouter,
nihilisme larvé, extrémisme…balayons d’un revers
de main cette absence de discours car la loi du discours n’aura
pas lieu d’être, nous sommes ici dans une démarcation
poétique, contestataire de la langue où :
" La poésie est hors la loi. Toutefois,
d’accepter la poésie la change en son contraire, en
médiatrice d’une acceptation. J’amollis le ressort
qui me tend contre la nature, je justifie le donné. "
écrivait Bataille à propos de son livre L’Impossible ;
eh oui, l’in-citation se fera hétéroclite, à
l’image de ce groupe et de son esprit frappeur.
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Par delà le format,
l’impression d’une sensation existe comme peu d’événement
l’apportèrent ces derniers temps : L’impressionnant
Trouble Every Day de Claire Denis, la relecture de
Septentrion de Calaferte, l’écoute répétitive
de From her to eternity de Nick Cave, 1993 de
Mehdi Belhaj Kacem, un live de Tricky, Cure de Kurosawa…en
sont tous des paradigmes infrangibles, des correspondances
annonçant que l’on ne s’en laissera plus compter.
Pour exemple sur le premier
titre de l’album : Il y a, morceau obsidional
où Arnaud Mishniak martèle " on
n’a raison de faire ce qu’on fait, de penser ce qu’on pense,
d’être ce qu’on est, de continuer dans le même
sens " viennent se greffer une série
d’images, de scènes de vies désorientant la
nappe musicale lynchienne pour accumuler une polyphonie de
voix sampler, infernale, composant dans sa déstructuration
l’élément musical de la fin du morceau.
On n’en sort pas indemne,
jusqu’au morceau final et la ville disparaît.
Dans cette composition au relent de free jazz neurasthénique
qui n’est pas sans évoquer le meilleur de Talk Talk
avec leur album Laughing Stock s’ajoutent d’affolantes
objurgations scandées par un chanteur au service de
cette incroyable composition.
Enfin, si d’aucuns s’acharnent
à des regrets, alors la justesse de ceux-ci prendrait
forme sous le souvenir du live offert à Paris au Nouveau
Casino : sorte de pandémonium moderne et donc
léthargique sur lequel Programme ne s’est pas attardé
bien longtemps, à l’inverse de l’excès espéré,
d’un épuisement, d’une boucle retourné, d’une
matrice improbable à quelque chose.
Subséquemment, qu’on
le sache maintenant, l’enfer tiède est un plat chaos.
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Album : L'Enfer tiède
Groupe :
Programme
Editeur :
Lithium
Album : Mon
cerveau dans ma bouche
Groupe : Programme
Editeur : Labels
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