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Les Années Pop - Cinéma et politique 1956 - 1970 LIVRE

Les Années Pop
Cinéma et politique 1956 - 1970

De Jean-Louis Comolli, Gérard
Leblanc et Jean Narboni
Par Nadia MEFLAH

EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ?

" Ceux qui sont contre le fascisme sans être contre le capitalisme, ceux qui gémissent sur la barbarie qui vient de la barbarie, ressemblent à des gens qui veulent leur part de veau, mais le veau ne doit pas être abattu. Ils veulent manger le veau, mais pas voir le sang. "

Bertolt Brecht




  Experiment (c) D.R.
Quelque chose se passe en cinéma depuis peu. Borderline et loin de toutes les Amélie P. estampillées cinéma français. Un frémissement à la périphérie de tous les cocoricos poujadistes comme aime si bien le faire un certain cinéma adorateur des parts de marchés. Il n’y a qu’à signaler la norme indigeste du fameux tableau des entrées, le Dow Jones ou Cac 40, à vous de choisir selon votre portefeuille, égrené chaque semaine dans quasiment toute la presse française, pour rendre compte d’une incroyable soumission et abdication aux portefeuilles des grands groupes industriels. Des films arides de publicité (sans matraquages médiatiques nauséabonds) mais stupéfiants de vie s’élaborent sous nos yeux avec, chevillée au corps filmique, cette inaltérable question : comment faire ? Avec quels moyens ? Quelques titres et quelques noms que je vous propose comme autant d’empreintes de cette nouvelle donne : Cité de la Plaine de Kramer, Loin de Téchiné, Ce vieux rêve qui bouge de Guiraudie, De l’histoire ancienne d’Orso Miret, Dans la chambre de Vanda de Pedro Costa, Baise-moi de V. Despentes, Samia de Faucon, L’Afrance d’Alain Gomis, Inch’Allah Dimanche de Benuigui, Fatma de Khaled Ghorbal, La Ville est tranquille de Guédiguian, Les savates du bon dieu de Jean-Claude Brisseau, L’emploi du temps de Laurent Cantet, Rien à faire de Marion Vernoux, et je pourrais encore vous en citer d’autres. De même, des festivals s’organisent dans un souci du lien à l’autre où se cherchent et parfois se trouvent des films d’actions (de la pensée, de l’agir.) Nul besoin d’horizons exotiques (Cannes et ses avatars), il suffit de passer le périph et savoir dénicher en Seine Saint Denis quelques fers de lances de ces mouvements contestataires en cinéma : Festivals Frontières en novembre 2001 où l’on a pu découvrir Samir Abdallah et le collectif L’Yeux Ouverts (Dalida Ennadre et son film plusieurs fois primés El Batalett, femmes de la médina, Yasmine Kassari Quand les hommes pleurent magistral où l’on songe à Loin de Téchiné…) Les Rencontres dionysiennes en Mars (cette 2ème édition fut consacrée à L’exode avec, en avant première Wesh Wesh de Rabah Ameur Zaïmeche, en salles ce mois-ci). Mais aussi le Cinéma du Réel à Paris Beaubourg, Traces de Vie à Clermont Ferrand, Les Assises du documentaire de Lussas, à Marseille et des collectifs tels Braquages, Nova Cinéma de Belgique, Zaléa tv. Mais aussi des maisons de productions engagées telle Les Films d’Ici de Serge Lalou et Richard Copans (voir à ce sujet l’entretien réalisé avec Richard Copans, caméraman, producteur et ami du défunt Robert Kramer lors de la sortie du film Cité de la plaine.)

Quels liens avec le livre Cinéma Pop ? Une intuition que quelque chose peut se faire en cinéma actuellement, un acte pop et politique comme il y a eu quarante ans déjà. C’était Godard, Rouch, Chris Marker, Resnais, Hanoun, Franju, Duras, Eustache, les Straub, Bernard Cuau, René Vautier en France, mais aussi ailleurs Miklos Jancso, Glauber Rocha, Syberberg, Oshima, Pasolini, Bertolucci, Iosseliani, Joris Ivens, Harun Farocki, Skolimowski, des cinéastes hommes et femmes pour qui lutte, combat, engagement, survie, classe, politique, point de vue, propagande, révolution, changer la vie, utopie se façonnaient en autant de films et d’actes militants. Certains sont morts, d’autres continuent, inébranlables et incorruptibles tels Jean-Marie Straub et Danièle Huillet avec Ouvriers, Paysans (sortie fin Septembre 2001.) La lecture de cet ouvrage, conçu à l’occasion de la manifestation Cinéma et Politique à la B.P.I du Centre Pompidou en mai et juin 2001 dans le cadre de l’exposition "Les années Pop", a valeur de témoignage (les auteurs, chacun dans un geste particulier et militant, furent acteurs de ce mouvement cinématographique et politique) d’un temps passé où le regard et l’analyse critique de ceux même qui y participèrent s’élaborent dans le champ du discours politique.