N’ayons pas peur des mots,
nous touchons là à une certaine forme de poésie
moderne qui se trouve avoir réussi à mettre
en marge toute la cérébralité inhérente
à ce genre particulièrement en faveur dans notre
littérature avant-gardiste et hexagonale.
Korine est un peu ce que
Tom Waits et à Pierre Boulez ou Jarmush à Despleschin,
c'est-à-dire entier, débarrassé de tout
sectarisme pour livrer le plus naturellement possible une
œuvre à part, et sans équivoque socioculturelle.
Pour ceux qui apprécièrent
le cinéaste, nul doute qu’ils retrouveront ce talent
indéniable d’esquisser en quelques traits des portraits
incroyables comme dans le paragraphe intitulé :
Dix atrocités
ethniques pour la jeunesse : tableaux
" 3-Une petite
fille de quatre ans est devant une grange en flammes. Elle
tient un poulet mort par le cou. La petite fille a une couche
trop grande pour elle. " jusqu’à la fabuleuse
série des : Suicidés :lettre n°…,
où nous retrouvons des missives traversées d’une
sensibilité noire, capables d’exploser les différents
pans de vie que l’Amérique, fut-elle mythique, refuse
de voir.
A l’instar de ses personnages,
Korine patauge comme un grand gamin dans les flaques nauséabondes
d’un monde qu’il ne reconnaît pas, nous gratifiant parfois
des éclaboussures qu’il provoque, pour que nous observions
les tâches innocentes comme des enfants pris en faute.
 |
|
Titre : Craques, coupes et meutes raciales
Auteur :
Harmony Korine
Traduction :
Julie Dubois , Jean-René Etienne
Nombre de pages
: 192 pages
Format :
15 cm x 23 cm
Editeur :
Al Dante
Genre :
Poésie
|
|
|