En juin 2000, Jack Lang, ministre de l’Education Nationale,
charge un groupe de conseillers de " mettre en place
un projet d’éducation artistique et d’action culturelle
dans l’Education Nationale ". Parmi les membres de
ce conseil, Alain Bergala, collaborateur des Cahiers du cinéma,
spécialiste du cinéma moderne en général
et de Jean-Luc Godard en particulier, cinéaste, enseignant
et chercheur, s’est vu confier le volet du cinéma. |
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L’Hypothèse
cinéma dresse le
bilan de ces recherches longues de deux ans, qui ont conduit
l’auteur à élaborer une pédagogie neuve
du 7ème art. Ces caractéristiques
– de livre-bilan et de projet pédagogique – distinguent
d’emblée ce " Petit traité de transmission
du cinéma à l’école et ailleurs "
des innombrables livres auxquels le cinéma donne matière.
A vouloir lui trouver un équivalent, on risquerait
sans doute de priver son propos et sa forme de toute leur
originalité et singularité.
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S’agit-il d’un essai autobiographique ?
L’auteur s’y raconte à la première personne ;
il y relate ses découvertes d’enfant, écolier
cinéphile et autodidacte ; ses apprentissages
de jeune homme, critique et disciple de Serge Daney ; ses
activités d’adulte, enseignant-chercheur et cinéaste.
Ce tour personnel et quasi intime donné au livre, le
fait échapper à toutes les catégories
et lui donne un charme particulier – celui d’être plus
proche de son lecteur qu’aucun autre essai de cinéma
– ; cela ne suffit cependant pas à définir l’ouvrage.
S’agit-il d’un programme d’enseignement ? Les futurs
éducateurs tiendront assurément là un
véritable bréviaire, argumenté, clair
et précis, mais L’Hypothèse cinéma
n’a heureusement ni le ton ni le style d’un bulletin officiel
ou d’une leçon de choses. S’agit-il alors d’un ouvrage
théorique ? Le cinéma y est certes
défini (comme un art) et remis en question (en tant
qu’il est un art) mais il y est surtout contextualisé
(sa situation économique et technique actuelle) et
confronté (à l’institution, au désir,
à l’enfance). L’Hypothèse cinéma
vise moins à enfermer " cet obscur objet "
qu’est le cinéma dans un temple abstrait et désintéressé,
qu’à le frotter et à l’éprouver au contact
du réel.
Le pari de l’ouvrage – pari
réussi – est de tisser ces mille et une perspectives
sur un écheveau cohérent : de poser des
questions pertinentes et d’y répondre avec justesse,
de s’autoriser quelques parenthèses et digressions
pour mieux revenir au développement de sa thèse,
d’élaborer au fur et à mesure de sa progression
un projet éducatif à la fois authentique
et innovant, de satisfaire enfin tous les lecteurs possibles,
que leur curiosité aura amené à ouvrir
le livre et que le livre ouvert aura conduit sur des chemins
jusque là peu ou pas frayés.
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