La préparation de
cet acte de création devrait consister en un travail
sur le découpage en plans du film, sur la transformation
du réel, des lieux et des temps, qu’implique l’acte
de filmer ; cet acte devrait surtout ne pas
" escamoter
l’expérience individuelle de l’acte de création,
sans laquelle il n’y a pas de création véritable ".
(p.126)
Cet acte de création
gagnerait enfin sans doute à ne pas être la réalisation
d’un court métrage mais plutôt d’un " morceau
de long métrage " :
" Tourner
un morceau court d’un film "virtuel" plus long peut être
pédagogiquement plus profitable que de se plier
aux contraintes castratrices du film court dans sa forme
festivalière "prix du public". La qualité
de l’expérience de réalisation réside
en une seule question : est-ce que l’on s’est vraiment
confronté au cinéma ? est-ce qu’après
avoir fait cette expérience, on n’en sait un peu
plus, intimement, sur son désir et ses capacités
de cinéma ? ". (p.118)
LE
CINEMA A L’ECOLE
Vouloir l’impossible
A la " question
de fond " posée par Alain Bergala (" une
institution comme celle de l’Education Nationale peut-elle
prendre en compte l’art (et le cinéma) comme un bloc
d’altérité ? "), il n’est donc
pas question de répondre par la négative mais
bien au contraire de relever le défi et d’affirmer
que si " l’affaire de l’enseignement, c’est la règle ",
alors " l’art doit y gagner une place d’exception ".
Et, l’amateur de cinéma sait qu’à vouloir l’impossible,
on élargit considérablement, au moins et déjà,
le champ du possible.
Il est d’autant plus essentiel
de relever ce défi que la pression des intérêts
financiers et économiques qui pèsent sur le
cinéma s’exerce toujours plus intensément et
avec toujours plus de conséquences néfastes
pour les spectateurs, les films et le 7èmeart.
Aujourd’hui, en France comme dans le reste du monde, la relation
du spectateur aux films se réduit à un rapport
de consommation – avec la floraison des multiplexes, la multiplication
des cartes d’abonnement, la concentration d’un plus grand
nombre de spectateurs (les entrées en salle) sur un
plus petit nombre de films (les " blockbusters ",
films conçus pour plaire au plus grand nombre et uniquement
pour cela…). Dans ces conditions, le rôle que doit jouer
l’Education nationale est un rôle de résistance
– et cela ne convient-il pas bien au tempérament français ?
–, afin d’éviter que, définitivement, le film
devienne pur objet de consommation, le degré le plus
éloigné du film-œuvre d’art.
Pour finir, reste à
évoquer la question en suspens dans cette affaire "d’intérêt
national", à savoir : qu’en est-il de cette Mission,
maintenant que le gouvernement qui l’a initié a quitté
le pouvoir, et que d’autres hommes tiennent son avenir entre
leurs mains… ?
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Titre : L’Hypothèse cinéma - Petit traité
de transmission à l’école et ailleurs
Auteur : Alain
Bergala
Editions :
Cahiers du cinéma
Nombre de pages :
131 pages
Collection : Essais
Prix : 15 euros
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