Le réalisateur, inébranlable
et conscient de cette sombre évidence, ne revoit pas
les prétentions de son histoire à la baisse.
Les dialogues des protagonistes promettent plus que l'indigence
des images ne donne à voir. A l'inverse de trésors
fabuleux, d'imposantes escortes tenant tête aux bandits
tartares, de combats mémorables, de paysages mongols
à couper le souffle, etc, le spectateur devra se contenter
de pauvres coffres remplis de pacotilles, de décors
de cartons-pâtes maintes fois utilisés, d'extérieurs
affligeants tournés dans le terrain vague du coin (à
droite, à côté de la décharge),
de figurants émaciés aux postiches fuyants,
etc. Même les épreuves que doit subir à
la fin du film Maciste/Mirko pour sauver les deux donzelles
(dont une lui sera attribuée, c'est la moindre des
choses) de l'histoire pourraient être surmontées,
sans aucune difficulté, par un petit chaton asthmatique
!
Le film n'est même pas sauvé par cet humour de
dixième degré que l'on trouve parfois dans les
nanars du genre, ni par cette sorte de surréalisme
involontaire distillé par les actions ou par les personnages.
On rira, tout de même, de bon cœur aux combats de Mirko
et à ses petits sauts de cabri quant ce dernier se
jette sur l'ennemi. Interprété par Kirk Morris
(de son vrai nom, Adriano Bellini), il prête à
Maciste son visage poupin (les détracteurs diront "porcin")
et une coupe de cheveux impeccable. Attribuons, tout de même,
à l'acteur qui joue le personnage d'Igor, une mention
spéciale. Ses regards chafouins et ses mimiques appuyées
sont du plus bel effet.
On pouvait lire dans le numéro
de la revue CinémAction, "Le péplum, l'antiquité
au cinéma" : "Le péplum est un genre cinématographique
où les apparences ne sont jamais trompeuses, où
les codes se laissent aisément déchiffrer."
Oui, mais à ce point, quand même !
Alors que Ang Lee se demande comment matérialiser de
façon convaincante le Hulk qu'il est en train de réaliser,
il y a quelque quarante ans de cela, des réalisateurs
pouvaient pondre des œuvres comme Le Trésor des
Tsars. Ils comptaient certainement sur l'indulgence du
public et sur sa propension à imaginer et à
interpoler ce que les maigres moyens ne lui donnaient pas
à voir sur l'écran. Les temps ont bien changé,
les spectateurs aussi ! En bref, un film destiné aux
amateurs du genre.
LE DVD
: Sa présentation, quoi que succincte, est amplement
suffisante pour le produit proposé (chapitres, bio-filmographie
du réalisateur et des deux principaux acteurs, diaporama,
la collection, sans oublier le film lui-même, bien sûr).
L'image et le son sont d'origine et le transfert a été
effectué sans aucune retouche, histoire de ne rien
enlever à la magie de ce film d'époque. Le
trésor des Tsars fait partie d'une collection de
dix péplums. Il est fort à parier que des productions
un peu plus excitantes et emblématiques s'y trouvent.
Si l'on veut faire fonctionner ses zygomatiques, je conseille
de visionner l'extrait du film, Thor le guerrier, proposé
en bonus sur le DVD dans la section "La collection". Il rappelle
étrangement les chutes des sketches qu'affectionnaient
les Monty Python dans leur célèbre "Flying circus".
Désopilant à souhait !
Titre :
Le trésor des Tsars Réalisation
: Amerigo Anton Acteurs
: Kirk Morris , Colli , Milland , Serato Editeur
: Sony Public légal
: tous publics