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L'Echine du diable (c) D.R. MUSIQUE

L’Echine du diable
de Javier Navarrete
Par Nicolas JOURNET


SILENCE ON TOURNE

Javier Navarrete n’est pas un débutant. Avant d’écrire la musique de L’échine du diable, le très bon film de Guillermo del Toro, il avait déjà mis en notes la musique de Tras el cristal (In a glass cage en version internationale), la première œuvre du réalisateur ibérique Augustin Villaronga, sortie en 1986 sur les écrans français.

  L'Echine du diable (c) D.R.

Comme dans cette production espagnole où l’on notait la présence de l’actrice Marisa Paredes, L’échine du diable recourt à l’ambiance ténébreuse du cinéma d’épouvante. Dans ses compositions, Javier Navarrete développe donc le registre musical habituel à ce genre de production.

Les violons sont omniprésents, prêts à s’agiter de l’archet à chaque moment de tension. Les hautbois les soutiennent pour accompagner les scènes où le mystère se fait plus épais. Lorsque le rythme du récit décélère, devient plus calme, le piano et les flûtes à bec ou traversières prennent le relais, laissant toujours planer une menace impalpable sur les protagonistes de l’histoire.

En résumé, Javier Navarrete met en œuvre tous les artifices orchestraux pour donner des sueurs et faire monter la psychose. Malheureusement n’est pas Bernard Hermann qui veut, et Javier Navarrete n’atteint pas les sommets harmoniques de son prestigieux aîné.

D’ailleurs, à la sortie d’une projection de L’échine du diable, les premières remarques qui vous viennent à l’esprit concernent le jeu remarquable des acteurs ou la réalisation charnelle de Guillermo del Toro. Mais, il faut bien l’avouer, la bande originale de Javier Navarrete passe assez inaperçue.

Une fois revenu chez soi, confortablement installé dans son canapé préféré, l’écoute des dix-neuf morceaux composant la musique de L’échine du diable confirme malheureusement cette première impression.

L'Echine du diable (c) D.R.

Comparées à deux magnifiques chansons de Carlos Gardel, reléguées en fin du CD, les sombres partitions classiques de Javier Navarrete n’inspirent pas grand-chose, si ce n’est des bâillements de moins en moins intempestifs.

Pendant que le CD tourne à toute vitesse sur son lecteur approprié, l’auditeur aura même les plus grandes difficultés à vraiment se concentrer sur cette bande originale. En effet, la musique de Javier Navarrete n’est pas de celle qui vous cloue sur place ou vous transporte en un clin d’œil dans un univers poétique. Elle donne plutôt l’envie de s’affairer à d’autres tâches tout en laissant le haut-parleur fonctionner à plein volume. Ni mauvaise, ni désagréable, elle manque juste de relief pour réellement captiver l’oreille.

Mais cette apparente faiblesse de la B.O. de L’échine du diable est en fait sa plus grande vertu. Sur Cd, les compositions de Javier Navarrete semblent sans intérêt car il leur manque l’élément qui justifie leur existence, c’est-à-dire l’image. Sans cette dimension proprement cinématographique, la musique de Javier Navarrete perd toute raison d’être.