Le Cinéma visionnaire :
l’avant-garde
américaine (1943-2000) est, selon l’expression
de Dominique Noguez, un grand livre de considération.
Un livre-référence qui concilie l’analyse
à l’étude critique, une synthèse qui
puise dans le détail et ne revendique en aucun cas
l’exhaustivité. Ce que Noguez, auteur d’
Eloge
du cinéma expérimental (éditions
Paris-expérimental) reproche, en quelque sorte,
au livre, dans ses quelques réserves. Et avant tout,
un " américano-centrisme " :
Adams Sitney ferait la part belle aux Etats-Unis et oublierait
certains courants parallèles dont le Lettrisme (Isidore
Isou), les films de Guy Debord ; enfin Sitney opterait
pour un " cinéma-centriste "
et ferait l’impasse sur certaines connexions avec d’autres
arts (Arts plastiques, Art conceptuel).
Mais
Le Cinéma visionnaire s’attache à
des expérimentations spécifiques et autonomes,
qui s’ancrent à partir du mouvement structurel et
en formalise, à tour de rôle, autonomie, force,
structure donc et expansion. Le Cinéma structurel
a toujours été autonome, Kubelka l’a reconnu
de la sorte dans son officiel " Structural Film ",
et ce, en dépit de ses inspirations cinématographiques.
Le livre de Sitney se révèle être, au-delà
de son art analytique et historique, un livre visionnaire :
livre déjà militant en son temps, et encore
aujourd’hui, par un mouvement qu’Adams Sitney, jadis, enclencha ;
en épousant, à l’écrit, la vérité
historique du moment.