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Le Concerto n.3 de Morricone
semble moins tragique et lyrique, peut-être par l’emploi
de la marimba et de la guitare, ensoleillant ensemble le concerto.
Pourtant les deux instruments opposent leur voix, le marimba
(interprété ici par Marco Bagarini) au son rond
et doux et la guitare (par Giovanni Senenca) au son piqué
et décidé. L’orchestre finit par dramatiser
et noircir le duel de ce couple, puis, vers le milieu du concerto,
les cordes stoppent les deux solistes et chuchotent entre
eux, pizzicato, comme la rumeur d’une foule. La guitare, seule,
tente alors de s’expliquer, entourée d’un long silence
noir. Un sifflement de cordes, semblable aux huées
d’un public, nous parvient alors du fond, progressivement.
Le marimba et la guitare commencent timidement à se
rejoindre et à s’accorder, ensemble contre les crissements
grandissants des violons de l’orchestre, maintenant semblables
à une volée d’oiseaux de mauvaise augure. Mais
soudain, les violons engloutissent les deux solistes, les
avalant tous deux d’un coup. Silence total. Le marimba réapparaît,
seul, puis, suivi par la guitare et l’orchestre, disparaît
à nouveau. Des alliances se forment et se déforment,
la tension monte, la guitare et le marimba frappent dans le
même rythme jusqu’à l’explosion. La guitare aura
finalement le dessus sur l’orchestre. Une très belle
pièce écrite en 1991.
Deux ans plus tard, Morricone écrit son Concerto n.
4 pour orgue, deux trombones et orchestre. La fascination
pour l’orgue de Morricone n’est pas nouvelle, et se retrouve
récemment dans sa partition, nous semble-t-il importante,
composée pour Mission to Mars, un orgue cérémonial
y étant également assez présent. Homme
religieux, on le sait, Morricone défigure pourtant
quelque peu l’idée que nous pouvons avoir de l’orgue,
c’est une spiritualité encore à décoder
qu’il nous fait écouter ici. Une spiritualité
profonde, énigmatique, aérienne par l’emploi
des cordes, mais comme enracinée dans la terre natale
par les vrombissements de l’orgue et la force du souvenir
évoqué par les trombones. Morricone, spirituel
et iconoclaste, est un monde en soi, une planète encore
à défricher ou à laisser rêver
encore en nous pour longtemps, très longtemps. Absolument
à découvrir.
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Titre :
Io
Compositeur :
Ennio Morricone
Editeur :
Milan
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