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Le don mélodique
évident de Morricone dans ce second CD est rapidement
complété par une présentation de 5 pièces
musicales composées en dehors du champ cinématographique.
5 morceaux expérimentaux au piano, inspirés
des travaux de John Cage et Gyorgy Ligeti. Raretés
et étrangetés musicales. Morricone a composé
des œuvres pour piano, des années 40 jusqu’à
aujourd’hui. En somme, 60 ans pour explorer sans cesse le
Rythme et les résonances possibles du piano. Il "
triture " ici le piano, voguant des notes les plus graves
aux plus aiguës (Etude n. 4). Comme il a pu décupler
les possibilités sonores de la flûte et de la
guitare dans les westerns de Sergio Leone, Morricone demande
ici aussi à sa pianiste de marteler le piano, ouvrant
vers d’autres sonorités (Etude n. 2). Le résultat
est assez stupéfiant, la sécheresse absolue
de l’interprétation laissant place par instants à
des glissandos généreux, mais, toujours dirigés
en poignards ou en caresses, du cœur vers les battements de
cœur.
C’est peut-être à partir de là que certains
auditeurs commenceront à trouver la musique de Morricone
franchement difficile d’accès, alors même que
l’atonalité et la musique contemporaine plus globalement
interrogent violemment, sans voile ni artifice, les "
tripes " des auditeurs de manière dépouillée,
primitive, basique. Le troisième CD consacré
à la musique de chambre de Morricone est peut-être
des quatre disques, le plus complexe et expérimental,
avec dès le premier morceau Cadenza per flauto e
nastro magnetico écrit en 1988, puis son Scherzo
pour violon et piano composé en 1996, ou Inversi
très belle pièce composée par son fils.
C’est le fameux groupe instrumental " Musica d’Oggi "
qui interprète ici les différentes pièces
de musique contemporaine de la famille Morricone.
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Luigi Caiola et Italo Greco,
à l’origine de ce coffret inédit, souhaitaient
au départ lancer un seul disque des " plus belles
compositions de Morricone " pour le cinéma et
hors cinéma, mais : " Avec le temps, notre
projet prit une dimension beaucoup plus vaste que l’édition
d’un simple CD. Voilà bien la preuve de l’exceptionnelle
fertilité d’Ennio Morricone, capable d’embrasser les
styles les plus divers, à un point tel que cette édition
ne prétend pas couvrir dans sa totalité. Au
final nous décidâmes d’éditer ce coffret
de quatre disques, chacun d’eux dédié à
un style particulier dans l’univers si riche du Maestro. Sans
doute l’entreprise ne fut pas aisée, mais largement
compensée par l’excitation et l’immense satisfaction
qu’elle procura. Un cri d’amour. "
Et dans le dernier CD en effet, c’est encore tout à
fait autre chose que nous réserve Morricone, trois
concertos agités enregistrés à l’Auditorium
de l’Académie de Sainte Cécile et son orchestre
national du même nom, fidèle à Morricone
depuis ses débuts. Sont présentés ici
son Concerto n.1 pour orchestre, ainsi que son troisième
Concerto pour Chitarra Marimba ed orchestra d’archi
et son Concerto n. 4 per organo, due trombe, due tromboni
ed orchestra. Le premier fut écrit en 1957 et ressemble
étonnamment aux concertos de John Williams, peut-être
pour l’utilisation de l’orchestre mais aussi pour son ton,
oscillant entre une rudesse à la Aaron Copland et un
coloris digne des grands compositeurs de l’Europe de l’Est.
Ce sont les longues notes étirées qui nous rappellent
la griffe de Morricone - pas loin parfois de Charles Ives
et son Central Park in the Dark (1906). C’est aussi
un emploi de la trompette particulier qui marque la présence
de Morricone (qui fut d’abord trompettiste avant de devenir
compositeur), instrument résonnant souvent ici un bon
moment, seul et sur une seule note, au point de venir mourir
" en direct ", s’éloignant de l’orchestre
vers un ailleurs ténébreux.
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