Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
  Ennio Morricone e Brian de Palma (c) D.R.

Le don mélodique évident de Morricone dans ce second CD est rapidement complété par une présentation de 5 pièces musicales composées en dehors du champ cinématographique. 5 morceaux expérimentaux au piano, inspirés des travaux de John Cage et Gyorgy Ligeti. Raretés et étrangetés musicales. Morricone a composé des œuvres pour piano, des années 40 jusqu’à aujourd’hui. En somme, 60 ans pour explorer sans cesse le Rythme et les résonances possibles du piano. Il " triture " ici le piano, voguant des notes les plus graves aux plus aiguës (Etude n. 4). Comme il a pu décupler les possibilités sonores de la flûte et de la guitare dans les westerns de Sergio Leone, Morricone demande ici aussi à sa pianiste de marteler le piano, ouvrant vers d’autres sonorités (Etude n. 2). Le résultat est assez stupéfiant, la sécheresse absolue de l’interprétation laissant place par instants à des glissandos généreux, mais, toujours dirigés en poignards ou en caresses, du cœur vers les battements de cœur.

C’est peut-être à partir de là que certains auditeurs commenceront à trouver la musique de Morricone franchement difficile d’accès, alors même que l’atonalité et la musique contemporaine plus globalement interrogent violemment, sans voile ni artifice, les " tripes " des auditeurs de manière dépouillée, primitive, basique. Le troisième CD consacré à la musique de chambre de Morricone est peut-être des quatre disques, le plus complexe et expérimental, avec dès le premier morceau Cadenza per flauto e nastro magnetico écrit en 1988, puis son Scherzo pour violon et piano composé en 1996, ou Inversi très belle pièce composée par son fils. C’est le fameux groupe instrumental " Musica d’Oggi " qui interprète ici les différentes pièces de musique contemporaine de la famille Morricone.

Il était une fois dans l'Ouest (c) D.R.

Luigi Caiola et Italo Greco, à l’origine de ce coffret inédit, souhaitaient au départ lancer un seul disque des " plus belles compositions de Morricone " pour le cinéma et hors cinéma, mais : " Avec le temps, notre projet prit une dimension beaucoup plus vaste que l’édition d’un simple CD. Voilà bien la preuve de l’exceptionnelle fertilité d’Ennio Morricone, capable d’embrasser les styles les plus divers, à un point tel que cette édition ne prétend pas couvrir dans sa totalité. Au final nous décidâmes d’éditer ce coffret de quatre disques, chacun d’eux dédié à un style particulier dans l’univers si riche du Maestro. Sans doute l’entreprise ne fut pas aisée, mais largement compensée par l’excitation et l’immense satisfaction qu’elle procura. Un cri d’amour. "

Et dans le dernier CD en effet, c’est encore tout à fait autre chose que nous réserve Morricone, trois concertos agités enregistrés à l’Auditorium de l’Académie de Sainte Cécile et son orchestre national du même nom, fidèle à Morricone depuis ses débuts. Sont présentés ici son Concerto n.1 pour orchestre, ainsi que son troisième Concerto pour Chitarra Marimba ed orchestra d’archi et son Concerto n. 4 per organo, due trombe, due tromboni ed orchestra. Le premier fut écrit en 1957 et ressemble étonnamment aux concertos de John Williams, peut-être pour l’utilisation de l’orchestre mais aussi pour son ton, oscillant entre une rudesse à la Aaron Copland et un coloris digne des grands compositeurs de l’Europe de l’Est. Ce sont les longues notes étirées qui nous rappellent la griffe de Morricone - pas loin parfois de Charles Ives et son Central Park in the Dark (1906). C’est aussi un emploi de la trompette particulier qui marque la présence de Morricone (qui fut d’abord trompettiste avant de devenir compositeur), instrument résonnant souvent ici un bon moment, seul et sur une seule note, au point de venir mourir " en direct ", s’éloignant de l’orchestre vers un ailleurs ténébreux.