Synopsis :
En 1888, à Londres, Jack l’Eventreur trucide, la nuit
tombée, des prostituées du quartier populaire
de White Chapel. Le jeune inspecteur Fred Abberline, fumeur
d’opium, est habité par des prémonitions concernant
les meurtres. Il enquête sur ces crimes et est amené
à rencontrer une prostituée, Mary Kelly. Cette
dernière est au centre du complot meurtrier orchestré
par Jack l’Eventreur.
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Jack l’Eventreur affirme être le
fondateur du 20ème siècle, il est un mythe emblématique
qui fascine l’imaginaire collectif. Alan Moore, dans son roman
graphique, a livré une œuvre subversive, enchevêtrant
science, théologie, architecture et histoire, en nous
immergeant dans l’esprit de Jack l'Eventreur, personnage central
et narrateur des faits. L’œuvre foisonne de détails,
et nous entraîne vers de nombreuses directions jusqu’à
en faire un ouvrage presque indigeste, mais qui fascine et trouble.
Les frères Hugues
auraient pu suivre le fil narratif de la bande dessinée
en respectant les thèmes majeurs qui sont la fin de
l’Empire Britannique, la franc-maçonnerie, le pouvoir
de la monarchie ainsi que les prémices de l'émancipation
de la femme. Selon eux, From Hell ne pouvait être
transposé intégralement, ils ont donc décidé
de prendre le contre-pied de l’œuvre de Moore et Campbell.
Dans le comics, l'identité de l’assassin n’est pas
importante, tandis que l’œuvre des Hugues n’est, dans sa construction
scénaristique, qu’un whodunit (1). Les
meilleurs films sont les œuvres où l’on connaît
le meurtrier dans les premiers plans, ici l’œuvre bascule
vers un procédé narratif où l'identité
de l'Eventreur prend une part trop importante, tandis que
les réalisateurs leurrent le spectateur avec des fausses
pistes. Toutefois, pour les réalisateurs, l’intrigue
n’est qu’un axe narratif autour duquel ils tissent leurs thématiques
et construisent un extraordinaire film d’atmosphère,
où est retranscrite toute l’ambiance de l’œuvre
de Moore. Ainsi, la mise en scène est empreinte d’impressions
tactiles et d’émotions. Les plans des ruelles maculées
de Londres nous éclaboussent d’une misère crue,
notamment illustrée par une scène où
les prostituées dorment assises et attachées
sur des bancs de location, ne pouvant s'offrir une chambre.
Ces dernières ne sont jamais filmées de manière
politiquement correcte mais plutôt dans un style naturaliste,
symbolisé par une scène magnifique où
une prostituée, pour ne pas tomber enceinte simule
le coït. Les frères Hugues abordent dans leur
premier film en costumes ce qu’ils ont toujours traité,
à savoir la pauvreté, la violence et la corruption,
autant de thèmes qui les fascinent et apparaissent
de façon récurrente dans leur filmographie,
avec Menace II Society, Dead presidents encore
inédit en France, et leur documentaire American
pimp.
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Albert Hughes déclare
que From Hell est une "histoire du ghetto".
La peinture naturaliste de la vie londonienne en pleine révolution
industrielle, témoigne des conditions de vie de la
classe ouvrière avec un décalage tragique entre
les différentes strates sociales. Plastiquement impressionnant
le film déploie une sensibilité et un esthétisme
ultra-poussé. La ville de Prague a été
choisie afin de reconstituer précisément les
décors londoniens, bâtis en plein air, dont la
reproduction historique a été faite à
partir de documents d'époque. From Hell explore
tour à tour les ruelles malfamées de White Chapel,
un hôpital, une morgue, une fumerie d’opium, les maisons
de l’aristocratie et de la famille royale.
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