Synopsis : Ils
ont 30 ans, ont des enfants, des appartements, des métiers,
des voitures et encore des amours. Au hasard des feux de la
ville, ils vont se croiser et se décroiser.
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" Mais ou et donc
ornicar ", une expression ludique qui ramène
à l’enfance écolière, un procédé
mnémotechnique pour se rappeler des sept conjonctions
de coordination. Mais ou et donc ornicar, c’est aussi
un long métrage de cinéma qui se rattache à
l’enfance, celle qui ne nous quitte jamais, à trente
ou soixante ans passés. Les bouts de vie des personnages
qui s’y entrecroisent paraissent anodins alors qu’ils sont
extra-ordinaires (car ils renvoient à chacune de nous).
Prenons d’abord Isabelle (Géraldine Chaplin), une sociologue
interviewant des femmes d’âges et de profils différents
vivant dans un même immeuble. Parmi elles se détache
la figure d’Anne (Brigitte Fossey), nouvellement promue chef
d’atelier dans un garage. Son mari Michel est technicien forestier.
Il travaille notamment avec son meilleur ami, Vincent (Jean-Jacques
Biraud).
Ne cherchez donc pas une histoire dans Mais ou et donc
ornicar, mais DES histoires, s’entrelaçant et révélant
progressivement les caractères de chacun, leur peurs,
leurs rêves, leurs aspirations. Le film est entièrement
construit à l’image de son expression-titre, tous les
personnages devenant presque le coordinateur de l’autre. C’est
un film-volcan qui ne déclarerait jamais son éruption
mais dont on sentirait le grondement en permanence derrière
les plans, véritables plaques tectoniques des sentiments.
Mais ou et donc ornicar est un film sur la trentaine
discrète, la fragilisation des êtres pris en
tenaille entre le souvenir prégnant de l’adolescence
insouciante et les responsabilités adultes. Isabelle,
Anne, Michel, Vincent, Philippe sont filmés dans l’éclaircissement
de leurs prises de conscience respectives.
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Peut-on vivre seule avec
son enfant même si on est toujours amoureuse de son
compagnon ? Peut-on concilier vie professionnelle (qui
plus est quand on est une femme travaillant dans un univers
automobile peuplé de machos ironiques) et vie familiale ?
Peut-on justement accepter (quand on est un homme) de se laisser
délaisser par femmes et enfants, plombé par
l’incertitude et la remise en cause de ses propres idéaux ?
Ces quelques questions posées ont certes perdu de leur
singularité aujourd’hui, mais elles étaient
assez neuves en 1978, quand le film est sorti en salles. Elles
sont néanmoins toujours d’actualité. Et c’est
précisément la permanence mélancolique
de ces interrogations qui rend le film profondément
émouvant. A l’image de cette séquence où
Isabelle, après une nuit d’amour adolescente avec Philippe,
le compagnon dont elle ne veut finalement se défaire,
remet en cause son travail de sociologue et se révèle
à elle-même : " tous ces visages
que je scrute (…) je crois que c’est moi qui parle, qui leur
supplie de me rendre mon passé, mon enfance, ma vie
qu’on ne m’a pas permis de trouver…je crois que c’est moi
qui appelle à l’aide dans ce voyage. Tu sais, Philippe,
c’est difficile de garder l’espoir. " Plus tard,
la jeune femme se prend pour propre sujet et fait cet aveu
déchirant : " j’échoue à
communiquer, à comprendre, à aimer et me faire
aimer…à chaque échec je ressens plus profondément
la solitude ".
La solitude. Et si on tenait là le sujet principal
de Mais ou et donc ornicar ? Le film semble faire
écho à cette parole de Léo Ferré :
" On naît seul, on meurt seul ".
Comme le suicide de cette femme enceinte à qui personne
ne parlait, et qu’on apprend dans un détour du film.
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