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Charlie Chaplin & The Fureys (c) D.R. MUSIQUE

Charlie Chaplin & The Fureys
Par Alexandre TYLSKI


LES MUES D’UN MAITRE

La famille Chaplin vient de mettre entre les mains de Marin Karmitz, patron de MK2, la tache de promouvoir l’œuvre de Chaplin dans le monde entier. Ce présent album MK2 en est un des exemples récents. Cette nouvelle compilation des musiques de films de Charles Spencer Chaplin a deux ambitions majeures. D’abord, celle de faire entendre les chansons conçues par Chaplin, ici revues par le groupe irlandais The Fureys. Puis, de proposer à l’auditeur des extraits musicaux d’époque dans une excellente qualité sonore (alors même que certains morceaux ont plus de 60 ans). Un projet rendu possible grâce à une fille dévouée, Joséphine Chaplin :

  The Fureys (c) D.R.

" Depuis des années, je pense à regrouper toutes les chansons que mon père, Charlie Chaplin, a chantées, de la première : " Nonsense Song " dans Les temps modernes, à la dernière : " Swing High Little Girl " dans Le Cirque, enregistrée en 1967, ainsi que ses discours les plus marquants du Dictateur et de Monsieur Verdoux. (…) Ma rencontre avec les Fureys a rendu cela possible. Ce sont de fabuleux musiciens qui vouent une véritable passion à Chaplin et à sa musique. L’enregistrement a eu lieu à Dublin. " (cf. livret).

Entre 1976 et 1997, les Fureys sortent 12 albums à succès et sont connus dans le monde entier comme le groupe qui a révolutionné la musique irlandaise en y intégrant de nouveaux sons et de nouveaux instruments, principalement en ajoutant la guitare, ce qui n’était pas du goût des traditionalistes purs et durs. Ici aussi, les puristes et les traditionalistes auraient préféré que l’album Chaplin ne soit composé que des chansons originales, alors même que les Fureys font ici un très bel hommage avec indéniables charme et sincérité, telle la très belle version " Smile " accompagnée d’une guitare.

Le Dictateur (c) D.R.

Mais les chansons d’époque de Chaplin sont tout de même présentes ici avec des extraits originaux nous rappelant non seulement la voix très spécifique de Chaplin (dans "Titine " de 1936) et l’évolution de celle-ci à travers le temps (sa voix de " vieil homme " dans " Swing High Little Girl " de 1967). Cette compilation est un véritable voyage à travers le temps et, si l’on peut dire, à travers le corps même de Charles Chaplin. Et ce, à la grande différence de la grande majorité des albums précédents consacrés au maître.

Un album rendant enfin compte concrètement, distinctement, de la méticulosité de Chaplin, notamment l’intonation extrêmement travaillée de sa voix dans le speech final de The great dictator - Chaplin parodiant les discours de fin dans les films de propagande d’époque aux USA et dépassant surtout alors le talent d’orateur du monstre Hitler. Un sens de la précision que l’on retrouve également dans la force détaillée de ses musiques originales proposées ici. En ce sens, le témoignage de Meredith Wilson sur sa collaboration avec Chaplin lors du Great dictator est édifiante :

" Je n’ai jamais rencontré un homme qui ait plus voué sa vie à l’idéal de perfection que Charlie Chaplin. Toujours, j’ai été surpris par l’attention qu’il accordait aux détails, son goût de l’exactitude que ce soit pour la phrase musicale ou le tempo choisis pour exprimer l’atmosphère qu’il voulait. Dans ses films, comme dans sa musique, il traquait en permanence les fausses notes, si mineures fussent-elles. " (M. Wilson, in NY Herald Tribune, 27 octobre 1940).