LES MUES D’UN
MAITRE
La famille Chaplin vient
de mettre entre les mains de Marin Karmitz, patron de MK2,
la tache de promouvoir l’œuvre de Chaplin dans le monde entier.
Ce présent album MK2 en est un des exemples récents.
Cette nouvelle compilation des musiques de films de Charles
Spencer Chaplin a deux ambitions majeures. D’abord, celle
de faire entendre les chansons conçues par Chaplin,
ici revues par le groupe irlandais The Fureys. Puis, de proposer
à l’auditeur des extraits musicaux d’époque
dans une excellente qualité sonore (alors même
que certains morceaux ont plus de 60 ans). Un projet rendu
possible grâce à une fille dévouée,
Joséphine Chaplin :
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" Depuis des années,
je pense à regrouper toutes les chansons que mon père,
Charlie Chaplin, a chantées, de la première
: " Nonsense Song " dans Les temps modernes,
à la dernière : " Swing High Little Girl
" dans Le Cirque, enregistrée en 1967,
ainsi que ses discours les plus marquants du Dictateur
et de Monsieur Verdoux. (…) Ma rencontre avec les Fureys
a rendu cela possible. Ce sont de fabuleux musiciens qui vouent
une véritable passion à Chaplin et à
sa musique. L’enregistrement a eu lieu à Dublin.
" (cf. livret).
Entre 1976 et 1997, les Fureys sortent 12 albums à
succès et sont connus dans le monde entier comme le
groupe qui a révolutionné la musique irlandaise
en y intégrant de nouveaux sons et de nouveaux instruments,
principalement en ajoutant la guitare, ce qui n’était
pas du goût des traditionalistes purs et durs. Ici aussi,
les puristes et les traditionalistes auraient préféré
que l’album Chaplin ne soit composé que des chansons
originales, alors même que les Fureys font ici un très
bel hommage avec indéniables charme et sincérité,
telle la très belle version " Smile " accompagnée
d’une guitare.
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Mais les chansons d’époque
de Chaplin sont tout de même présentes ici avec
des extraits originaux nous rappelant non seulement la voix
très spécifique de Chaplin (dans "Titine
" de 1936) et l’évolution de celle-ci à
travers le temps (sa voix de " vieil homme " dans
" Swing High Little Girl " de 1967). Cette compilation
est un véritable voyage à travers le temps et,
si l’on peut dire, à travers le corps même de
Charles Chaplin. Et ce, à la grande différence
de la grande majorité des albums précédents
consacrés au maître.
Un album rendant enfin compte concrètement, distinctement,
de la méticulosité de Chaplin, notamment l’intonation
extrêmement travaillée de sa voix dans le speech
final de The great dictator - Chaplin parodiant les
discours de fin dans les films de propagande d’époque
aux USA et dépassant surtout alors le talent d’orateur
du monstre Hitler. Un sens de la précision que l’on
retrouve également dans la force détaillée
de ses musiques originales proposées ici. En ce sens,
le témoignage de Meredith Wilson sur sa collaboration
avec Chaplin lors du Great dictator est édifiante
:
" Je n’ai jamais rencontré un homme qui ait
plus voué sa vie à l’idéal de perfection
que Charlie Chaplin. Toujours, j’ai été surpris
par l’attention qu’il accordait aux détails, son goût
de l’exactitude que ce soit pour la phrase musicale ou le
tempo choisis pour exprimer l’atmosphère qu’il voulait.
Dans ses films, comme dans sa musique, il traquait en permanence
les fausses notes, si mineures fussent-elles. " (M.
Wilson, in NY Herald Tribune, 27 octobre 1940).
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