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Requiem for a dream (c) D.R. CD

Requiem for a dream
de Darren Aronofsky
Par Nicolas JOURNET


LES SANGLOTS LONGS DES VIOLONS

Quel est le point commun entre "Zone interdite", l'émission dominicale de M6, et la bande-annonce des Deux Tours le deuxième épisode du Seigneur des anneaux ? Un même souci de faire spectaculaire pour porter l'audience à son maximum ou le nombre d'entrées à son zénith ? Certes, mais pas seulement. Les deux entités précédemment citées utilisent également la même partition musicale : celle créée par le compositeur américain Clint Mansell pour Requiem for a dream, le film de Darren Aronofsky.

  Requiem for a dream (c) D.R.

Requiem for a dream est un film total au scénario impressionnant de justesse et à la réalisation remarquable de précision et d'inventivité, mais la construction élaborée de main de maître par Darren Aronofsky (il est à la fois réalisateur et co-scénariste) repose pour beaucoup sur le mélange de rythmes électroniques et de sonorités violonesques concocté par Clint Mansell. La musique est ainsi présente tout au long des 102 minutes que dure le film. Les moments de vrai silence sont en effet extrêmement rares, voire inexistants. Car la grande force de la bande originale de Requiem for a dream, c'est justement d'épouser parfaitement les courbes du scénario.

Construit en trois époques, en trois saisons (été, automne, hiver), Requiem for a dream raconte la déchéance progressive de quatre personnages. Délitement humain qui se traduit dans la musique de Clint Mansell par une altération lente de morceaux récurrents. Summer Ouverture, le premier morceau de la B.O., reviendra par exemple cinq fois hanter nos oreilles, sous différentes appellations ("Hope Ouverture", "Cleaning Appartement", "Marion Barfs", "Winter Ouverture" ou "Lux Aeterna") ainsi que sous différentes formes.

Requiem for a dream (c) D.R.

À chacun de ses passages, le morceau change de tonalité, se fait plus sombre, avec des accents graves et des bruitages électro-inquiétants qu'il ne présentait pas au départ. Summer Ouverture n'est pas le seul titre à présenter de telles caractéristiques, bien au contraire, la bande originale est tout entière construite sur ce système de répétitions non-identiques, mais il est peut-être le plus marquant de tous, ses variantes se situant toujours aux tournants majeurs du récit, c'est-à-dire en gros à la fin ou au début de saison.

Summer Ouverture est l'extrait le plus mélodique de la B.O., tranchant avec la déconstruction sonore de certains autres morceaux. Dans les deux premières périodes du film, Clint Mansell s'appuie surtout sur des rythmes technoïdes, notamment dans la retranscription musicale de fêtes plus ou moins privées où les stupéfiants s'injectent et s'avalent à flots continus. Mais tout cela reste relativement fluide et harmonique.

  Requiem for a dream (c) D.R.

Dans la dernière période, celle dénommée "Winter", les cadres explosent pour donner une sorte de cacophonie syncopale et métallique, d'autant plus inquiétante qu'elle est terriblement maîtrisée. Ce chaos sonore est déjà impressionnant à écouter sur Cd, mais au cinéma, Dolby Surround oblige, l'effroi est démultiplié jusqu'à l'insoutenable. La musique de Clint Mansell devient alors le véritable instrument de peur. Bien plus que l'image qui sans cet appoint auditif perdrait incroyablement de sa force.