De manière globale, la B.O. de
Requiem for a dream ne réserve aucun moment de
détente. Les morceaux s'arrêtent en suspens, au
milieu d'une phrase musicale, pour entretenir l'inconfort, pour
accentuer les coupes du montage et leur donner un caractère
de brutalité. En permanence, le fond sonore est saturé
de tristesse et de mélancolie. Des sensations en grande
partie suscitées par le violoncelle et les trois violons
lancinants du Kronos Quartet.
David Harrington, John Sherba,
Hank Dutt et Jennifer Culp (au violoncelle), qui forment ce
quatuor américain d'instrumentistes à cordes,
transfigurent de leurs archets la musique de Clint Mansell.
Ils apportent en surimpression une touche classique qui souligne
le lyrisme de l'histoire. Qui donne toute sa mesure au titre
du film : Requiem for a dream. Comment mieux définir
cette ode cinématographique si musicale ?
Seule petite excentricité dans
ce noir tableau : "Bialy & Lox Conga" et "Bugs Got a Devilish
Grin Conga". Deux morceaux dont le style mambo-punk, l'apparition
de trompettes et la présence de choristes se distinguent
du reste de la B.O. C'est en effet la seule et unique fois que
l'on entend des voix humaines et des sonorités cuivrées
dans la musique de Requiem for a dream. Mais ces morceaux
n'en sont pas plus gais pour autant, ils sont même parmi
les plus effrayants. Pour l'anecdote, parmi les Moonrats, le
groupe qui interprète ces deux morceaux très courts
(moins d'une minute chacun), se trouve un certain Darren Aronofsky
troquant sa caméra pour des percussions et quelques exercices
vocaux.
Au final, lorsque la musique de Requiem for a dream accompagne
les reportages larmoyants de l'émission "Zone interdite"
sur l'insécurité, qu'elle soit routière
ou péri-urbaine, lorsque les compositions de Clint Mansell
sont associées aux scènes de batailles du Seigneur
des anneaux, l'on ressent une certaine gêne. Dans
son film, Darren Aronoksky dénonce sévèrement
l'addiction destructrice à la télévision.
Et cette société de l'entertainment que le réalisateur
américain veut mettre à mal parvient à
récupérer son film, son cri. Bien sûr, il
est normal que la musique vive et se répande librement
sur les ondes, mais l'impression que le système récupère
tout et même ceux qui le dénoncent donne la chair
de poule.
Titre :
Requiem for a dream Musique du film de :
Darren Aronofsky Auteur :
Clint Mansell Interprète :
Quatuor Kronos Editeur :
Nonesuch