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Comme, contrairement
à ce que pensent certains chroniqueurs élitistes,
le grand public n’a pas forcément des goûts déplorables
en matière de petit écran, New York, unité
spéciale a très vite conquis les spectateurs
américains. L’année dernière, elle faisait
partie des dix séries dramatiques les plus suivies.
En France, le succès semble également au rendez-vous.
Après quelques tâtonnements au niveau de l’horaire
(le dimanche après-midi à l’heure du goûter
puis le samedi soir en deuxième partie de soirée)
et du nombre d’épisodes diffusés (un tout seul
puis deux à la suite), New York, unité spéciale
paraît avoir trouvé sa place dans la grille des
programmes de TF1. C’est-à-dire, comble de l’ironie,
à une page de pub près de la grand-messe hebdomadaire
de la Star Academy.
Pourquoi parler d’ironie ? Peut-être parce que
se trouvaient ainsi juxtaposés ce que la télévision
peut faire de pire et ce qu’elle peut produire de meilleur.
Peut-être aussi parce que les deux programmes présentaient
deux aspects opposés d’un même problème.
En visionnant New York, unité spéciale,
l’on se remémore bien vite les leçons de psychiatrie
répétées à longueur de journaux
télévisés par d’obscurs experts auto-déclarés
compétents à chaque fois qu’un prêtre
assermenté ou qu’un marginal détraqué
s’attaque à un enfant. " Les pervers n’ont
aucune conscience de l’humanité de leurs victimes,
de leur libre arbitre ", nous répètent
en chœur ces observateurs de l’âme humaine. " Pour
eux, ce ne sont que des objets ", ajoutent-ils
ensuite. Une définition qu’on pourrait appliquer aux
producteurs de la Star Academy.
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En déguisant
les jeunes participantes de ce télé-crochet
télévisuel avec des mini-jupes vraiment mini
et des robes au tissu plus que rare, en les obligeant à
porter ces tenues quasi transparentes pour poser en une de
magazines masculins égrillards, ces producteurs ne
pratiquent-ils pas eux aussi une forme certes plus complexe
mais tout aussi réelle de perversion ? En effet,
lorsqu’Emma, à peine âgée de dix-huit
ans, évoque sa gêne à exhiber devant des
millions de téléspectateurs des parties de son
corps que seul son amant devrait connaître, quand cette
même Emma dit son trouble après des séances
photos à l’érotisme sous-jacent, où est
le consentement ? Ces chanteuses débutantes n’ont
guère le choix. Refuser, transgresser les règles
et ainsi voir s’éloigner le contrat d’un million d’euros ?
Ben voyons, elles n’allaient pas briser cette opportunité
de conquérir les hit-parades, cet avenir artistique
radieux que leur promettaient leurs " professeurs "
pour un trop plein de pudeur.
Entre les nymphettes de la Star Academy et les victimes d’agressions
sexuelles présentées par New York, unité
spéciale, il y a une grande différence.
Les premières sont consentantes et n’ont pas subi de
pression physique. Pourtant, elles emploient le même
vocabulaire que les secondes. Derrière les doutes d’Emma,
il y a toujours cette question qui obsède également
les personnes violentées : aurais-je dû, aurais-je
pu résister ? Interrogation vaine, car dès
le départ, le rapport de forces leur est défavorable.
La force des muscles d’un côté, le pouvoir de
l’argent de l’autre : la lutte est perdue d’avance. En
pointant de la caméra la chosification du corps, la
perception de l’humain comme simple objet sexuel, New
York, unité spéciale ne parle pas seulement
de quelques cas pathologiques, mais de nous tous, de notre
société. " Ça me gêne
de toujours porter des mini-jupes pour les prime-time "
face à " Nous avons trouvé des
traces de sperme sur les cuisses de la jeune fille " :
l’exploitation ne s’exprime pas toujours dans les mêmes
termes.
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Titre :
New York, unité spéciale
Titre VO
: Law & Order : Special Victims Unit
Principaux acteurs
: Chris Orbach, Tamara Tunie, Judith Light, Illeana
Douglas, Chris Meloni, Mariska Hargitay, Dann
Florek, Richard Belzer, Dean Winters, Michelle
Hurd, Ice-T, Stephanie March, B.D. Wong
Principaux guest stars
dans la série
: Mili Avital, Allison Munn, Angie Everhart, Jenna
Stern, Jennifer Esposito, Karen Allen, Amy Irving,
Ben Gazzara, Mark-Paul Gosselaar, Piper Laurie,
Henry Winkler, Roy Thinnes, Mary Beth Hurt, Martha
Plimpton, Eric Stoltz, Sharon Lawrence, Sherilyn
Fenn, Pam Grier
Production
: Wolf Films production, Studios USA Television
Producteurs executifs
: Ted Kotcheff, Neal Baer, Peter Jankowski, Arthur
Forney, Judi McCreary
Diffuseur USA
: NBC
Diffuseur France :
TF1
Horaires :
diffusée chaque samedi soir vers 23 heures
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