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Le détective
Elliot Stabler, interprété par Christopher Meloni,
vu aussi dans la série Oz, est mariée
et père de deux petites filles. A chaque enquête,
il ne réagit pas seulement en tant que fonctionnaire
embadgé, mais aussi en tant que géniteur. A
plusieurs reprises, ce paternalisme forcené a failli
le pousser à la bavure, considérant que les
détraqués qui défilent devant lui auraient
pu s’en prendre à ses propres enfants si le hasard
en avait décidé ainsi. Il vit donc son métier
de policier comme le moyen de rendre le monde plus sûr
pour ces filles. Sa partenaire, Olivia Benson, réagit
différemment. Violée quelques années
auparavant, la détective semble vouloir exorciser sa
souffrance en pourchassant des agresseurs du même type.
Le rôle d’Olivia Benson, attribuée à la
jolie Mariska Hargitay déjà aperçue dans
Urgences, est primordial. C’est elle, délicatesse
féminine oblige, qui prend les dépositions des
enfants agressés, scènes récurrentes
de la série à l’insoutenable réalisme.
Tranchant avec l’implication sans failles de ses collègues
Stabler et Benson, le détective John Munch (excellent
Richard Belzer) est plus distant, plus détaché.
Son air désabusé et ses remarques cyniques apportent
une pointe comique à la série. Ce qui n’est
pas du luxe dans un univers fictionnel à la noirceur
pénétrante.
Plusieurs personnages complexes enrichissent donc le récit
en multipliant les points de vue. Mais ce n’est pas le cas
de tous les héros récurrents. Le jeu monolithique
de l’ex-rappeur et toujours pas acteur Ice-T empêche
le détective Fin qu’il interprète de prendre
la moindre importance. Autre faire-valoir insignifiant :
le capitaine Donald Cragen, joué par Dann Florek reprenant
ainsi son rôle des trois premières saisons de
la série Law & Order . Ce dernier apparaît
trop peu à l’écran pour sortir du cliché
du chef de police bougon mais sympa, autoritaire mais au fond
si gentil. La remarque vaut également pour l’assistante
du procureur Alexandra Cabot (Stéphanie March). Les
apparitions ultra-courtes du personnage ne lui permettent
pas de prendre de l’ampleur, mais bien que spasmodique sa
présence est essentielle au bon déroulement
de la série.
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New York, unité
spéciale traite en effet beaucoup des relations
qu’entretient le Service d’aides aux victimes avec l’extérieur.
En premier lieu, donc, avec le monde judiciaire (assistante
du procureur mais aussi avocats et juges), ensuite avec le
monde politique (avec le bureau du gouverneur quand il s’agit
d’évoquer le recours à la peine capitale) et
enfin avec le public par l’intermédiaire des journalistes.
Décortiquer la démarche policière sous
toutes ses formes : c’est l’objectif des concepteurs
de New York, unité spéciale. Et dans
leur démarche d’effeuillage des méthodes en
usage chez les gardiens de l’ordre législatif, l’importance
du psychologique ressort particulièrement. Le mano
à mano incessant entre l’accusé et les enquêteurs,
les coups de bluff des uns, les intimidations des autres montrent
avec justesse la gymnastique des rapports inter-individus.
Avec une durée très courte (les cinquante minutes
réglementaires pour laisser la place nécessaire
aux quatre coupures pub de mise aux Etats-Unis), le mécanisme
de l’esprit humain est exploré jusqu’à l’épure.
Peut-être trop dans l’épure justement. En si
peu de temps, la complexité des situations, l’ambiguïté
des personnages ne peuvent être qu’effleurées.
Pour accrocher le spectateur, les scénaristes de New
York, unité spéciale sèment
à intervalles resserrés des rebondissements
guidant à chaque fois l’enquête dans une direction
opposée. Quand l’histoire est moins forte, moins prenante
qu’à l’accoutumée, la construction devient trop
visible et le résultat assez lourd. Mais ne pouvant
pas demandé à une série télé
ce qu’on attendrait d’un film, New York, unité
spéciale reste tout de même un bon
moment de télévision.
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