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The Pledge B.O (c) D.R. MUSIQUE

The Pledge
de Hans Zimmer
Par Nicolas JOURNET


LE SILENCE EST D’OR

Il est des musiques de films à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Faites écouter la B.O de The Pledge à un dépressif chronique et il tentera de se suicider dans les dix minutes qui suivent. Non pas parce que la musique du film de Sean Penn est mauvaise au point de susciter l’envie de quitter ce monde, mais parce que les morceaux composés par Hans Zimmer, le célèbre compositeur de B.O. américain, et son ancien assistant Klaus Badelt promu pour l’occasion au rang de co-pilote acoustique sont d’une mélancolie et d’une tristesse telles qu’ils rendent la défenestration presque souhaitable.

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  Hans Zimmer (c) D.R.

Cheveux coupés ras, rides profondes, expression douloureuse, le visage de Jack Nicholson qui illustre la pochette n’a rien d’engageant. Et le Cd qu’il contient s’avère tout aussi tristounet que cette image. À peine la touche « play » enfoncée, une voix prenante envahit les enceintes. Une voix calme, douce, mais déchirante comme une complainte. C’est celle d’Alison Moynihan, jeune chanteuse non-professionnelle mais néanmoins talentueuse. Hans Zimmer l’a choisie un peu par hasard, un peu par coup de cœur. Alison Moynihan était la petite amie d’un des musiciens embauchés pour mettre sur bande les compositions du duo Zimmer-Badelt. La jeune femme errait donc dans le studio d’enregistrement attendant son amoureux de batteur. Hans Zimmer l’a-t-il entendu chanter ? S’est-elle proposée pour le rôle de choriste ? On n’en sait rien et c’est bien mieux comme cela.

La prestation d’Alison Moynihan montre en tout cas combien les castings fastidieux et les bouts d’essais à répétition ne sont pas forcément le meilleur moyen de trouver l’interprète idéale. Car Alison Moynihan est en tout point remarquable. Un peu dans le rôle d’une Claire Pichet chez Yann Tiersen. Sa voix cristalline enveloppe la quasi-totalité des quarante minutes que dure la B.O. Parfois en sourdine, parfois au premier plan sonore (en particulier sur les morceaux « The Angler », « The Wizard » et « The Pledge »), le timbre aérien de la chanteuse américaine complète efficacement une musique déjà très minérale.

The Pledge (c) D.R.

Pour la B.O. de The Pledge, Hans Zimmer a en effet décidé de faire simple, bien loin de ses productions orchestrales habituelles. Celui qui est à l’origine de la superbe bande originale de The Thin Red Line  ou de celle non moins réussie d’Hannibal délaisse avec le film de Sean Penn les ensembles pléthoriques pour un groupe plus restreint. Guitare acoustique, piano, violons et percussions : l’attirail instrumental utilisé par Hans Zimmer et Klaus Badelt est des plus minimalistes. En effet, les deux compositeurs ne cherchent pas à faire dans le spectaculaire, ils souhaitent juste créer une ambiance.

La B.O. de The Pledge  est ainsi construite comme une toile surréaliste, par petites touches juxtaposées. Les différents morceaux du disque ne sont pas des entités linéaires. Ils sont entrecoupés de silences qui sectionnent la mélodie en périodes musicales distinctes. Chaque période est dominée par un instrument, ce dernier renvoyant à une émotion précise. Les percussions soulignent par exemple l’aspect polar du récit. The Pledge est un film policier, un film policier certes atypique où la psychologie des personnages prend le pas sur l’intrigue, mais un film policier quand même, dont le scénario a pour fil conducteur la recherche d’un tueur en série. Il est donc normal que la musique traduise sur bande cette dimension majeure du scénario.