Les Editions Montparnasse présentent,
dans le cadre de leur Collection Diamant, Gunga Din,
un classique R.K.O. du film d’aventure signé George Stevens
(Sur les ailes de la danse, L’homme des vallées perdues,
etc.) et tiré de Three Soldiers, un poème de Rudyard
Kipling.
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Gunga Din est une super production
d’avant-guerre qui triompha au box office. Elle réunit un
trio de choc : le désinvolte Cary Grant, le séducteur Douglas
Fairbanks Jr. et le truculent Victor McLaglen. Ils interprètent
trois sergents de l’armée britannique, toujours prêts à
la bagarre et aux pitreries. Mais le véritable héros n’est
autre que Gunga Din, un porteur d’eau (une belle composition
de Sam Jaffé) qui rêve de devenir lui aussi soldat. Il restera
fidèle jusqu’au bout à nos trois compères et sauvera même
son régiment d’une embuscade des Thugs, une secte religieuse
dévouée à Khali, la déesse de la mort.
La version française du film mérite que l’on s’y attarde.
C’est un doublage d’avant-guerre. Le premier visa de censure
de la version doublée fut délivré en juillet 1939. Nous retrouvons
sur Cary Grant, l’incomparable Jean Davy (1911-2001) qui le
doublera bien des fois par la suite (Opération Jupons,
La main au collet, etc.). Il a aussi prêté sa voix
à d’autres grands acteurs (voir interview).
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Marcel Raine (décédé en 1956) fait
une très bonne composition sur Victor McLaglen qu’il a aussi
doublé dans La Charge héroïque. On lui doit
les voix de grands seconds rôles : Lionel Atwill dans Capitaine
Blood, Stanley Andrews dans Le Dernier des Fédérés,
James R. Justice dans Moby Dick, etc.
Douglas Fairbanks Jr. a la voix métallique de Marc Valbel
(1907-1960), qui a également fait beaucoup de doublages.
Il a prêté sa voix et son phrasé distingué à Basil Rathbone
dans Les Aventures de Robin des Bois, John Wayne
dans La Chevauchée fantastique, Orson Welles dans
Jane Eyre, Robert Taylor dans Les Aventuriers
du Kilimandjaro, etc.
Comme cela se produit parfois, le directeur artistique du
doublage, qui est souvent comédien lui-même, s’attribue
un petit rôle dans le film. Ici, c’est André Norevo qui
prête sa voix à Sam Jaffé, alias Gunga Din. Il fit essentiellement
du doublage avant la Seconde guerre puisqu’il a notamment
doublé Errol Flynn dans Capitaine Blood (1935). Dans
Gunga Din, son rôle est court mais délicat puisqu’il
doit composer un accent supposé des Indes. La version originale
est pour cela un peu plus crédible.
Le comédien Raymond Rognoni (1892 - 1965) prête sa voix
au Gourou. Il apporte au chef spirituel des Thugs un accent
parisien pas très couleur locale mais son jeu est tout à
fait crédible dans les scènes dramatiques.