SYNOPSIS:
Il y a des journées comme ça où rien ne va. Quatre individus
subissent toute une série de contrariétés d'ampleur diverse.
Pour Marie Larue, 24 ans, apprenti photographe travaillant dans
un photo-shop, la journée commence par la découverte d'un résultat
de test de grossesse positif. Suivent en vrac : un vol de scooter,
un accrochage en voiture, un licenciement abusif... Pour Luis
Del Sol, la quarantaine, aimable conducteur du bus 67, le fait
marquant de la journée est l'arrivée surprise de sa femme Michèle
venue lui annoncer qu'elle le quittait. Hortense Lassalle, orthophoniste
de 33 ans, mariée depuis dix ans à Antoine et mère de deux enfants,
a décidé de passer la nuit avec un homme pendant que son époux
est parti en voyage d'affaires. Mais aucun amant ne se présente
à elle. Maurice Degombert, la soixantaine, cuisinier acariâtre
au chômage, prépare un dîner aux chandelles pour Marlène, son
grand amour de jeunesse parti avec un autre depuis 22 ans.
Reines d’un jourdessine
les chassés-croisés d’un microcosme sur quelques jours, à
la suite d’une fête de mariage qui a réuni les protagonistes
le temps d’une soirée. Ici l’assemblage, la réunion finale
ne constituent plus le point d’acmé du film - fin du puzzle
reconstitué -, au contraire, le hasard de rencontres en quiproquos
fomente le récit, ne cessant de joindre et disjoindre ceux
qui le fécondent et l’animent. Dans ce film-chorale polyphonique,
qui alterne concerts cacophoniques et solos en sourdine, ce
qui intéresse Marion Vernoux relève du rythme. Il est sans
cesse question de tempo, de musicalité entre les scènes et,
surtout, d’un édifice à construire, structure arborescente
et bancale, comme notre quotidien, qui formerait un socle
dur, urbain, à l’image d’un macadam commun à tous, reconnaissable.
Humain parce que forcément social.
La parole en serait l’apparat ou l’instrument et l’art de
la saynète, la charpente, l’embryon à défaut de narration.
Car le souci majeur semble que personne, et encore moins la
réalisatrice, ne parvienne à trouver la note juste. Marion
Vernoux s’applique à édifier un immense chassé-croisé, mais
sans jamais véritablement harmoniser la tapisserie. Une question
demeure : comment se faire entendre au cœur de la solitude
moderne ? Séparés par deux quais de trains, une femme
(interprétée par la subtile Hélène Fillières) et un homme
(Philippe Harel), qui se sont croisés lors de la fête de mariage,
s’imaginent en train de discuter. Elle rêve d’échanger, de
communiquer à l’autre. Le film, lui, se rêve en train de se
faire.