BIENVENUE DANS LE CAUCHEMAR DE LA REALITE

«Tel est pris qui croyait prendre », telle pourrait être la morale d’O Invasor, film brésilien surprenant, injustement boudé à sa sortie en salles, qui a la bonne idée de jouer avec les nerfs des spectateurs et de multiplier les rebondissements imprévus. C’est également une fiction qui porte très bien son titre : elle tend à montrer comment un assassinat a priori parfait va se retrouver contrarié par l’impétuosité et la méchanceté d’un jeune tueur à gages venu des favelas et qui a bien l’intention de ne pas se laisser faire. Sauf que ledit « intrus » n’est pas nécessairement celui qu’on pense…

Le film part du constat social puis furète du côté du thriller haletant pour s’achever en fable ironique sur la corruption, l’amitié, la manipulation et la loyauté. Par intermittences, il fait montre d’une telle noirceur qu’il en devient involontairement comique comme lors de ces passages où Anisio a décidément envie de pourrir la vie de ceux qui l’ont engagé (il leur amène un chanteur de rap complètement bidon et les oblige à lui prêter de l’argent pour que ce dernier puisse enregistrer son disque). Sous pression, de peur que le jeune tueur ne révèle le meurtre, Ivan et Gilberto vont finalement accepter. En réalité, ce sera le début d’un cauchemar sans fin dans lequel un être a priori opportuniste va tout faire pour bouleverser le destin trop tranquille de ces deux associés vénaux et leur faire regretter leur acte.