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Luchino Visconti (c) D.R. LIVRE

Luchino Visconti,
vérités d’une légende

de Michèle Lagny
Par Damien STROKA


Cet ouvrage prend place au sein de la collection Ciné-Regards, éditée par la Bibliothèque du Film. On peut en indiquer, à grands traits, la ligne éditoriale : dans un format modeste (grosso modo 250 pages), elle propose un tour d’horizon de la vie et de l’œuvre d’un cinéaste tout en les réinscrivant dans leurs contextes historique et critique. Un dossier occupe le reste de l’ouvrage (critiques, témoignages, filmographie) et un cahier-photos de quelques pages vient compléter l’ensemble. L’entreprise a essuyé de nombreuses critiques et il semble qu’elle touche à sa fin. L’ambition affichée (ouverture à un public le plus large possible), il est vrai, n’était que trop contrariée par l’indigence du format.

  Luchino Visconti (c) D.R.

Le livre de Michèle Lagny souffre évidemment des défauts inhérents à cette collection puisqu’il en épouse parfaitement les impératifs éditoriaux. Pourtant, par-delà les scories inévitables, le texte possède des réelles qualités qu’il serait dommage de passer sous silence.

L’étroitesse du format exigeant des choix, Lagny a choisi, sans surprise, de tailler dans le sujet biographique au profit du sujet cinématographique et historique, opérant ainsi une séparation de facto entre l’homme et l’œuvre. Aussi, sur la petite centaine de pages de rédaction effective, n’apprendra-t-on pas grand-chose sur la vie de Visconti, la biographie, dans sa quotidienneté, se limitant à quelques anecdotes éparses. On objectera que ce n’est pas le sujet, qu’il ne s’agissait pas d’écrire la vie de Visconti, que d’autres s’y étaient déjà essayés… Sans doute. Reste que Lagny s’en tient à l’essentiel, ce qui lui permet, et ce n’est pas si mal, de sauver les meubles. Elle brosse ainsi le portrait convaincant d’un Visconti tour à tour soldat, séducteur, aristocrate mondain, voyageur, éleveur de chevaux, « décorateur et costumier dilettante », cinéaste – bien sûr.

Elle retrace également la généalogie de chaque film du Maître, évoque par exemple ses « années de lutte », celles de la Résistance, pendant lesquelles ce jeune homme de bonne famille, lecteur de Gramsci, se fit le compagnon de route des communistes. Une proximité a priori contre-nature mais que Visconti ne reniera jamais : vers la fin de sa vie, en 1973, il rappellera que depuis cette époque-là, il est « resté communiste » et que ses « idées à cet égard n’ont jamais changé ».