Michèle Lagny consacre aussi
plusieurs passages à la passion que nourrissait Visconti pour
le théâtre et évoque avec pertinence l’immédiat après-guerre
italien, période de grande effervescence théâtrale. Côté cinéma,
l’auteur touche également deux mots de l’état de délabrement
dans lequel se trouve l’industrie italienne dans ces années-là,
évoque les difficultés rencontrées par Visconti et son équipe
sur le tournage de La Terre tremble, et rappelle que
si la dimension politique de l’œuvre n’a pas échappé aux critiques,
c’est quand même bien grâce à ses qualités esthétiques que
le film s’imposa…
Incontestablement, c’est
dans ces passages-là que Lagny est la meilleure, là où l’histoire
entre en jeu. Avec justesse et concision, elle parvient en
plusieurs endroits à restituer le socle historico-politique
sur lequel viennent s’articuler l’œuvre et l’action de Visconti.
Encore une fois, ces pages sont les meilleures, les plus convaincantes
en tout cas.
Et puis, pour finir, il
y a le dossier : plus de 170 pages rassemblant quelques
textes de Visconti (déclarations, interviews, textes théoriques…),
de nombreux témoignages, des critiques, des croquis annotés
tirés du scénario de Ludwig, une filmographie, enfin,
récapitulant, résumés à l’appui, tous les films du maître
italien. Ici, on pourra regretter le texte trop court que
Lagny choisit pour illustrer les rapports entre Visconti et
l’œuvre de Gramsci (pp. 108-110). Dommage : Visconti
l’aristo lecteur de Gramsci le marxiste, voilà qui avait de
la gueule…
Que dire, au final, de ce
Luchino Visconti ? Sérieux à défaut d’être brillant,
convaincant mais sans charme, il ne dit de Visconti que l’essentiel.
Et manquer de profusion, n’est-ce pas le comble pour un ouvrage
sur Visconti ?
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Titre : Luchino Visconti, verités d’une legende
Auteur : Michèle
Lagny
Editions : BiFi
(Bibliothèque du Film).
Collection : Cine-Regard
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