SYNOPSIS
: Griffin Mill est un responsable de production dans une Major
Company d'Hollywood. Comme ses collègues, arrogants et cyniques,
il va en une seule journée se disculper d'un meurtre qu'il a
pourtant commis, se débarrasser d'un collègue dangereux pour
sa carrière et d'une assistante par trop amoureuse, et enfin
séduire la femme de sa victime.
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Un clap, action.
Et un plan séquence de plus
de 8 minutes suivant un petit facteur traversant un grand
studio. Ces hommes d’affaires carriéristes, ces starlettes
aguicheuses et ces jeunes assistants-techniciens vaguement
stupides : « Scorsese ! Je suis fan !
Les Nerfs à vif ! J’ai vraiment adoré ! »
Puis, un homme lance, superficiellement nostalgique :
« Tu te souviens de La Soif Du Mal ? ».
Le ton est là : habileté
et humour.
De tous les genres dans
lesquels Hollywood s’est investi, il n’en existe qu’un finalement
qui ne fut jamais source de déception ou de désastre sans
appel. Presque aucun genre ne fut si remarquablement illustré
dans l’histoire de Hollywood que les films de Hollywood sur
Hollywood.
De tout temps, le regard
posé par des cinéastes à la fois gouverneurs et insurgés sur
l’industrie du rêve américain démontrait une formidable acuité.
Une lucidité mêlée à une honnêteté confondante sur les méandres
destructeurs des coulisses du cinéma. On pense, bien sûr,
aux films mythiques (A Star Is Born, All about Eve,
Sunset Blvd, The Bad and the Beautiful ou Singing
in the Rain) mais aussi aux magnifiques réussites que
sont The Big Knife, Two Weeks in another town,
The Legend of Lyla Care, The Day of the Locust,
The Last Tycoo ou S.O.B…).
Tous ont, à leur manière,
su imposer les lois et les refus des faux semblants régissant
ce genre si particulier… Regard acerbe, cynique, lucide. Et
tous ont su faire « jouer » aux vrais acteurs du
réel (réalisateurs, techniciens, journalistes et vedettes)
des personnages, à la limite de la caricature parfois, mais
toujours révélateurs des rapports humains s’établissant dans
cet environnement délétère.
The Player (1990)
de Robert Altman appartient en tout point à ce genre et fait
preuve, comme ses aïeux, d’un sens remarquable de la satire
et du cynisme.
Tourné peu de temps avant
son chef-d’œuvre, Short Cuts, Altman utilise une impressionnante
polyphonie de voix et de son pour égratigner Hollywood. Procédé
fameux du cinéaste (The Wedding, Gosford Park)
qui n’aura peut-être jamais eu une justification aussi pertinente
que dans ce film-ci. Réduites aux rangs de personnages secondaires
ou de figurants, les stars d’Hollywood vont et viennent avec
un bonheur toujours jubilatoire. Jack Lemmon est un retraité
oublié qui passe son temps à pianoter mélancoliquement, James
Coburn fume un cigare et Rod Steiger prend l’apéritif...
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