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The Player (c) D.R. DVD

The Player
de Robert Altman
Par Sébastien MIGUEL


SYNOPSIS : Griffin Mill est un responsable de production dans une Major Company d'Hollywood. Comme ses collègues, arrogants et cyniques, il va en une seule journée se disculper d'un meurtre qu'il a pourtant commis, se débarrasser d'un collègue dangereux pour sa carrière et d'une assistante par trop amoureuse, et enfin séduire la femme de sa victime.


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Un clap, action.

  Robert Altman (c) D.R.

Et un plan séquence de plus de 8 minutes suivant un petit facteur traversant un grand studio. Ces hommes d’affaires carriéristes, ces starlettes aguicheuses et ces jeunes assistants-techniciens vaguement stupides : « Scorsese ! Je suis fan ! Les Nerfs à vif ! J’ai vraiment adoré ! » Puis, un homme lance, superficiellement nostalgique : « Tu te souviens de La Soif Du Mal ? ».

Le ton est là : habileté et humour.

De tous les genres dans lesquels Hollywood s’est investi, il n’en existe qu’un finalement qui ne fut jamais source de déception ou de désastre sans appel. Presque aucun genre ne fut si remarquablement illustré dans l’histoire de Hollywood que les films de Hollywood sur Hollywood.

De tout temps, le regard posé par des cinéastes à la fois gouverneurs et insurgés sur l’industrie du rêve américain démontrait une formidable acuité. Une lucidité mêlée à une honnêteté confondante sur les méandres destructeurs des coulisses du cinéma. On pense, bien sûr, aux films mythiques (A Star Is Born, All about Eve, Sunset Blvd, The Bad and the Beautiful ou Singing in the Rain) mais aussi aux magnifiques réussites que sont The Big Knife, Two Weeks in another town, The Legend of Lyla Care, The Day of the Locust, The Last Tycoo ou S.O.B…).

The Player (c) D.R.

Tous ont, à leur manière, su imposer les lois et les refus des faux semblants régissant ce genre si particulier… Regard acerbe, cynique, lucide. Et tous ont su faire « jouer » aux vrais acteurs du réel (réalisateurs, techniciens, journalistes et vedettes) des personnages, à la limite de la caricature parfois, mais toujours révélateurs des rapports humains s’établissant dans cet environnement délétère.

The Player (1990) de Robert Altman  appartient en tout point à ce genre et fait preuve, comme ses aïeux, d’un sens remarquable de la satire et du cynisme.

Tourné peu de temps avant son chef-d’œuvre, Short Cuts, Altman utilise une impressionnante polyphonie de voix et de son pour égratigner Hollywood. Procédé fameux du cinéaste (The Wedding, Gosford Park) qui n’aura peut-être jamais eu une justification aussi pertinente que dans ce film-ci. Réduites aux rangs de personnages secondaires ou de figurants, les stars d’Hollywood vont et viennent avec un bonheur toujours jubilatoire. Jack Lemmon est un retraité oublié qui passe son temps à pianoter mélancoliquement, James Coburn fume un cigare et Rod Steiger prend l’apéritif...