SYNOPSIS :
Richard Politzer, un journaliste, est mort dans des circontances
étranges. Sa fiancée décide de mener son enquête et pour le
venger, va tuer plusieurs personnes. |
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Résistance du cinéma
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Faux polar et vrai film
politique, Made In Usa annonce au cœur des années
soixante une nouvelle radicalité du discours godardien.
Il s’agit au départ d’une adaptation d’un polar de Richard
Stark alias Donald Westlake. Ce sera surtout un moyen pour
Godard de jouer avec le genre, comme il le fit précédemment
avec la S-F dans Alphaville. Après le noir et blanc
limpide et charbonneux à la fois, Godard revient à la couleur,
celle qui flambait déjà Pierrot le Fou. Mais ici on quitte
la pyrotechnie pour un fauvisme en à plats : éclats de
bleu et de rouge essentiellement, enserrant du blanc. Le lettrage
du générique annonce le ton : les couleurs du drapeau
américain, et forcément français (Lafayette qu’as-tu fait ?),
jusqu’au carton final d’un FIN de sans-culottes. Le film sera
révolutionnaire.
Godard joue des signes comme un enfant dans ce film pétaradant.
Flingues bien sûr, le plus souvent vides : les détonations
seront déléguées aux avions, trains, voitures, zébrant une
bande-son archi musicale (comme toujours chez JLG). Vacarmes
précisés dans la bande-annonce de l’époque (visible dans les
suppléments du DVD) prévenant en silence (la seule bande-annonce
silencieuse de l’histoire ?) qu’on aura affaire à « un
film bruyant ».
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Donc BING BANG PAF montrent
les cartons BD pop qu’insère Godard dans ses scènes de sauvageries
chorégraphiées (voir J.P Léaud recevant une balle de revolver
et mourir à n’en pas finir à grands renforts de moulinets
de bras).
On est en 66. C’est-à-dire une époque en plein bouleversements :
sorties du colonialisme et nouvelles guerres coloniales, libération
du désir, minorités en révolte, nouveaux impérialismes culturels.
Godard a déjà 36 ans, une vingtaine de films dans son dos
et La Chinoise qui s’annonce.
Made In Usa est un film politique prévient l’affiche.
On y parle du parti communiste français et de la fin du colonialisme.
Du fascisme de la publicité et de l’empire Walt Disney. Est-ce
le premier film maoïste de Godard ? On dirait. Dans la
forme, se construit déjà ce langage situ que Godard mettra
en œuvre dans les films suivants. Cut-up, insertions, jeux
de langage carolliens, registres télescopés, tragédie, comédie,
docu-vérité, film de genre.
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