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                      |  |  |  Pendant les années de guerre et d’occupation, 
                    les cinéastes ne font pratiquement pas référence aux événements. 
                    Paris se criminalise (Le dernier des six, L’assassin 
                    habite au 21) et se perd dans les rêves (cf le Paris onirique 
                    de La nuit fantastique de L’Herbier). La tendance du 
                    cinéma de studio s’accentue, Les Enfants du Paradis 
                    se tournent aux studios de la Victorine entre 1943 et 1945 
                    dans des décors imaginés par Alexandre Trauner. Comme le rappellent 
                    les deux auteurs, ce film symbole des contradictions de l’époque 
                    raconte autant « la perte de l’illusion que la pérennité 
                    du spectacle ». Les années 50 voient la capitale s’incarner 
                    dans de nombreux films policiers tournés en décors naturels 
                    et des comédies musicales aux visions de cartes postales. 
                    L’image de Paris au cinéma s’essouffle, vieillit, se ternit, 
                    même si de grands cinéastes comme Ophuls offre des chefs d’œuvres 
                    à la capitale (Le plaisir, Madame de…). A la 
                    fin des années 50, des francs-tireurs en dehors de tous les 
                    courants cinématographiques montrent un Paris dépoussiéré, 
                    dans des décors naturels réinventés (Jean-Pierre Melville 
                    et Bob le flambeur, Louis Malle et Ascenseur pour 
                    l’échafaud), presque abstraits (Robert Bresson, Pickpocket) 
                    ou jouant la carte du décalage en studio  (Jacques Tati, Mon 
                    oncle). Ils préparent le terrain de la Nouvelle Vague, 
                    dont les cinéastes, ont, on le sait, contribué à re-dynamiser 
                    autant le cinéma que l’image de Paris. C’est l’école buissonnière 
                    de Truffaut dans Les 400 coups, les « turpitudes 
                    parisiennes » de Chabrol (Les cousins, Les 
                    bonnes femmes) la topographie intime des films d’Alain 
                    Resnais (La guerre est finie), de Jean-Luc Godard (qui 
                    descend encore les Champs Elysées sans penser à A bout 
                    de souffle ?) d’Agnès Varda (Cléo de 5 à 7), 
                    d’Eric Rohmer (on devrait lui consacrer un jour un livre sur 
                    ses rapports avec Paris tant ils sont multiples), le Paris-jeu 
                    de piste de Rivette (Paris nous appartient, etc) ou 
                    le réel fantastique de Franju (Judex). Paris vu 
                    par…reste d’ailleurs l’un des films emblèmes de ces rapports 
                    entretenus par la nouvelle vague avec la capitale.
 Binh et Garbaz consacrent également tout un chapitre au Paris 
                    fantasmé par les Américains. Hollywood adore Paris, en studio 
                    comme en décors naturels, et Lubitsch, Wilder, Blake Edwards 
                    y ont tourné de savoureuses comédies, sans parler des musicals 
                    classiques de Minelli (Un Américain à Paris) ou Donen 
                    (Funny Face).
 
 
                     
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                      |  |  |  De 1960 à 1980, Paris devient « polymorphe », 
                    aux dires des auteurs. C’est la « ville fantomatique » 
                    des polars de Melville, Deray ou Verneuil, le « terrain 
                    de jeu » des comédies de Gérard Oury ou encore le « Paris 
                    naturaliste » de Pialat et Doillon. Bunuel, Ruiz ou Iosseliani 
                    en profitent aussi pour réinventer la ville selon leurs désirs. 
                    Dans les années 80, Beineix, Besson et Carax se réapproprient 
                    Paris pour en donner une image plus moderne, assez irréelle 
                    et onirique, loin des réalités communautaires et sociales 
                    que le cinéma français des années 90 prendra en charge à travers 
                    les films de Jean-Claude Brisseau, Malik Chibane, Thomas Gilou 
                    ou Thomas Kassovitz. Inversement, Paris devient parallèlement 
                    le théâtre des états d’âme de toute une génération de jeunes 
                    cinéastes (cf les quêtes amoureuses des films de Christian 
                    Vincent, Arnaud Desplechin ou Olivier Assayas…).
 Synthèse d’un Paris onirique nostalgique d’un passé idéalisé 
                    et d’une esthétique formelle travaillée, Le fabuleux destin 
                    d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet clôt cette longue 
                    série qui ne s’achèvera jamais, tant Paris demeure encore 
                    aujourd’hui un puissant aimant pour les cinéastes du monde 
                    entier, comme en témoigne très récemment le film de Tsai Ming-liang, 
                    Et là-bas quelle heure est-il ?
 
 On referme le livre avec l’envie pressante de se perdre à 
                    nouveau dans les rues de Paris, ivre de ces souvenirs de cinéma.
 
 
 
 
                     
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 | N. T. Binh : 
                                né en 1958, il est membre du comité de rédaction 
                                de la revue Positif et chroniqueur au magazine 
                                Zurban. Il est également enseignant de cinéma, 
                                producteur, réalisateur de documentaires et auteur 
                                de livres sur Mankiewicz, Lubitsch, Bergman et 
                                sur le cinéma britannique (codirection d’ouvrage).
 
 Franck Garbarz 
                                : né en 1969, il est membre du comité de rédaction 
                                de la revue Positif. Producteur d’émissions de 
                                télévision et de radio, il enseigne le cinéma 
                                (HEC, ESRA, Université de Rennes) et est l’auteur 
                                d’une monographie sur Krzysztof Kieslowski.
 
 
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 | Titre : Paris au cinéma, la vie rêvée de la capitale 
                                de Méliès à Amélie Poulain
 Auteurs : N. T. 
                                Binh, Franck Garbarz
 Editeur : 
                                Parigramme
 Format : 23,4x27cm
 Nombre de pages : 
                                224
 Prix : 45 €
 
 
 
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