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Dans Mary Iyagi,
les dessins n’ont pas de contours, la couleur crée la forme,
donnant un style insolite, étrange au premier abord, mais
qui simplifie et adoucit l’ensemble du graphisme. Les couleurs
sont utilisées avec parcimonie, les objets et les personnages
bénéficient d’une gamme de couleurs et d’ombres restreintes :
des formes simples et des couleurs chaudes et douces, qui
symbolisent à merveille l’univers nostalgique et poétique
de l’enfance telle que se la remémore Nam Woo, le héros. On
peut simplement regretter le manque de fluidité lors de longs
travellings ou de panoramiques où le mouvement de la caméra
devient saccadé et presque flou.
Contrairement au Voyage de Chihiro dans lequel Chihiro
est d’emblée transportée dans un autre monde jusqu’à la fin
du film, Mary Iyagi fait s’entremêler deux mondes :
celui de la vie quotidienne de deux enfants dans un village
de pêcheurs et celui des songes, dont le phare est la porte
qui transporte les héros dans un monde gigantesque. Un monde
où la nature, le calme et l’harmonie règnent en maîtres. Une
autre influence des contes écologiques miazakiens. Ce va et
vient entre rêve et réalité reste toujours bien orchestré
par les auteurs, conférant au film un charme indéniable.
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Comme tout bon film d’animation
réussi, Mary Iyagi tire sa force non seulement de la
poésie et de la douceur émanant de son dessin, qui nous plonge
avec délices dans le merveilleux, mais aussi de son scénario
inventif et complexe, qui prouve une fois de plus que la structure
narrative n’est plus le dernier maillon de la chaîne de création
en animation, mais qu’il demeure au cœur même du film.
Mary Iyagi démontre que le cinéma d’animation coréen
possède un vrai potentiel créatif, et que le cinéaste Lee
Sung Sang est un de ses talents à suivre de près. Ce film
reflète parfaitement l’évolution du long-métrage d’animation
vers une forme d’écriture plus maîtrisée, plus mature. Symbole
de ce perfectionnement scénaristique : l’utilisation
dans Mary Iyagi du langage cinématographique (travelling,
panoramique, plongée) pour prolonger l’évocation d’un monde
situé entre imaginaire et réalité. Parions que Mary Iyagi
ne représente que les prémices d’une production animée coréenne
ambitieuse et féerique.
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Titre : Mary Iyagi
Réalisation :
Lee Sung Gang
Voix : Gwenael
Sommier (Nam Woo), Stéphane Marais (Nam-woo adulte),
Gabriel Villenave (Joon-ho), Vincent Debouard
(Joon-ho adulte), Camille Donda (Sook)…
Editeur : Editions Montparnasse
Public légal :
tous publics
Langue : japonais,
français
Sous-titrage :
français
Format image :
16:9 compatible 4/3
Qualité : Stéréo,
couleur
Pays : Corée du
Sud
Durée : 76 minutes
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