Somme biographique et cinématographique :
c’est un peu ce qui vient à l’esprit à la lecture du livre
de Kevin Brownlow. Il faut dire qu’un pavé de près de 900
pages, forcément, ça en impose… Mais avec un maniaque comme
Brownlow à la plume, il faut toujours s’attendre à du lourd.
Sa réputation n’est plus à faire - historien du cinéma,
documentariste, monteur, restaurateur… Bref, inutile de le
dire, Brownlow a fait preuve depuis longtemps de ses talents
multiples et l’idée de le voir se pencher sur un “ monstre
sacré ” comme David Lean avait donc quelque chose d’assez
alléchant.
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Première constatation : la méticulosité
et la précision factuelle font de ce David Lean une
biographie aux dimensions hors normes, presque monumentales.
Il est évidemment difficile de faire la fine bouche devant
la masse d’anecdotes, de faits, de paroles, déployée par Brownlow.
L’auteur a mené là un travail préparatoire à bien des égards
impeccable, d’une richesse, d’une amplitude et d’une exhaustivité
suffisamment rares pour être soulignées.
Pêle-mêle, on apprend ainsi que Lean fut un enfant pas franchement
précoce, un peu lent même, à tel point que ses parents pensaient
qu’il souffrait d’une “ maladie cérébrale ” !
Ses débuts dans le cinéma sont hésitants, mais, assez vite,
il devient le monteur le mieux payé d’Angleterre. Parallèlement,
il se taille une réputation de tombeur et se révèle être d’un
égoïsme rare dans ses relations avec les femmes. Kay Walsh,
qui fut la deuxième épouse du metteur en scène, en sait quelque
chose : “ C’était épouvantable. Je ne peux pas
vous dire ce que c’était d’être amoureuse de lui. C’était
tuant. Je ne sais pas comment j’ai survécu ”. En
somme, le portrait brossé par Kevin Brownlow est assez peu
flatteur : amant insupportable, père absent, égoïste
né, tyran de plateau…, sir David Lean (il est anobli en 1984)
tient plus de l’affreux jojo que du british classieux et pince-sans-rire
que les photos (1) choisies par Brownlow donnent à
voir…
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