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David Lean, une vie de cinéma (c) D.R.

Bref : la précision, la méticulosité, le souci du détail parcourent constamment ce livre et de ce point de vue, l’ouvrage de Brownlow est irréprochable (2). Le problème, c’est que dans le même temps, et de façon paradoxalement mécanique, cette profusion plombe littéralement le livre, le phagocyte même, et le rend singulièrement indigeste. Un peu comme si Brownlow, plongé dans les faits jusqu’au cou, s’était révélé incapable de produire autre chose qu’une concaténation de détails… Résultat : un texte interminable, une rédaction poussive et une ossature quelque peu hypothétique.

L’écriture, d’abord : simple et dépouillé, le style de Brownlow est sans fioritures - un type d’écriture qui fonctionne à l’économie et qui n’est certes pas sans qualités… Reste que, si le texte est loin d’être “ sur-écrit ” (ce qui n’est déjà pas si mal), l’enchaînement des phrases et des paragraphes laisse parfois étrangement à désirer. Un peu comme si les transitions avaient disparu au montage, chose bizarre pour un livre sur Lean, lui qui fut “ le meilleur monteur d’Angleterre ”. Une construction erratique qui rend la lecture assez chaotique et qui donne l’impression que le livre manque décidément de “ liant ”. Et si l’on y ajoute les innombrables coquilles dont Corlet, le co-éditeur, a généreusement saupoudré l’ouvrage, la lecture s’apparente parfois à un vrai pensum…

Quant à ce “ liant ” évoqué plus haut, cet improbable fil directeur, difficile de savoir où Brownlow aurait pu le trouver. Un soupçon d’analyse en même temps qu’une véritable “ vision ” sur David Lean auraient pu, peut-être, contribuer à rendre son livre plus cohérent.

  Lawrence d'Arabie (c) D.R.

Bien sûr, on ne s’attendait pas à un ouvrage analytique ou critique sur le réalisateur de Lawrence d’Arabie : la biographie est avant tout un genre poussiéreux, fait de particules de vie et à ce compte-là, Kevin Brownlow s’en tire très bien. Mais à trop coller au réel, il finit par oublier tout le reste… Incapable de surnager, il patauge dans les faits et le livre finit par ne plus être qu’une compilation d’anecdotes, autant dire le degré zéro de l’écriture biographique. Un peu comme si Brownlow, trop écrasé ou intimidé par son sujet, s’était, plus ou moins volontairement, cantonné dans le registre de la citation. A ce jeu du compilateur, il évoque irrésistiblement Diogène Laërce, ancêtre des historiens de la philosophie et qui, dans ses Vies et Doctrines des philosophes, avait formé le projet de compiler les anecdotes, les faits et les idées des philosophes illustres. Peut-être Brownlow nourrit-il la même ambition avec le cinéma…

Reste que l’ouvrage manque singulièrement de souffle et que, passées les 200 premières pages, la masse documentaire s’avère franchement pénible. Dommage : Brownlow + Lean, ça aurait vraiment pu avoir de la gueule. On se console - à peine - en se disant qu’à défaut de la manière, Kevin Brownlow y aura au moins mis la matière.




1) On peut ici toucher deux mots du cahier photos : réalisation soignée, photos nombreuses et variées, parfois en couleurs : les illustrations tiennent franchement la route, chose importante pour une biographie.

2) Parallèlement à son récit, Brownlow parvient, sans avoir l’air d’y toucher, à faire une histoire en creux du cinéma. Chaque fois que les situations évoquées l’exigent, il n’hésite jamais à s’écarter du sujet Lean pour quelques digressions explicatives, par exemple sur la situation du cinéma britannique pendant la guerre. Le tout avec un certain bonheur.




Titre : David Lean, une vie de cinéma
Auteur : Kevin Brownlow
Traduction française : Catherine Gaston-Mathé
Langue : Français
Éditeur : Editions Corlet / Cinémathèque Française
Collection : Cinémathèque
Format : Broché - 925 pages

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