LIGNES DE MIRE
La célébrité favorise jeux d’ombre,
trompe-l’œil. Les autobiographies d’artistes sont des puzzles
(des récits morcelés, parfois même un assemblage de “ pièges
à conviction ”). Visites de Michael Lonsdale est
un exercice de haut vol en matière de retenue, de non dit ;
Partir, revenir d’Annie Girardot, bien que totalement
“ débridé ”, reste le témoignage d’une comédienne
prise entre deux feux : la réalité et son image médiatique.
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Autoportrait de Claude Berri,
journal entamé en 1983, interrompu trois fois (trois, huit
puis sept ans), achevé le 10 janvier 2003, s’il n’évite
pas certains écueils, mérite sans doute un commentaire plus
nuancé que celui de Louis Skorecki dans la chronique “ Le
Film ” publiée dans Libération le 3 décembre
dernier : “…rappeler que cet homme est le seigneur
du cinéma français, qu’il est applaudi dès qu’il pète (son
livre de souvenirs promu instantanément Léautaud de l’année)… ”.
Qu’il soit d’ailleurs permis de faire remarquer ici que
l’ensemble de l’article de Louis Skorecki constitué d’invectives
s’appuyant tant sur des rumeurs, des supputations que sur
quelques faits concrets s’avèrent au bout du compte sans effets.
Comme si chaque flèche décochée par le journaliste ratait
immanquablement sa cible. Berri, au final, demeure totalement
insaisissable.
C’est vrai, Autoportrait peut susciter doute, rejet.
Parce que Berri ne s’épargne rien. Il est même si peu complaisant
avec lui-même que, paradoxalement, on se surprend à penser
qu’il cherche à nous aveugler à force de surexposition. Mais
c’est oublier l’avertissement contenu dès les premières lignes
de son récit, “ il faudrait écrire ses mémoires une
fois mort ”, qui en fixe instantanément les limites.
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