Autoportrait est le prolongement
d’une thérapie (l’esquisse littéraire d’une dépression) avec
tout ce que cela implique de maladresse, de confusion, de
débordement. Mais nous confronter au brouillon de son existence (un
amas de taches, de ratures, un foisonnement opaque, fourmillant
comme une encre de Michaux) fait partie intégrante de l’expérience
que mène son auteur.
Le comédien-producteur-réalisateur et collectionneur d’art
contemporain (laquelle de ces deux passions prévaut chez lui ?)
se livre au “ jeu de la vérité ” contraint et forcé.
Son récit s’égare dans les méandres du temps. Mené à un rythme
effréné, parfois il tourne court. Sa conclusion est bâclée.
Elle nous échappe.
“ La sincérité de chaque minute, même lorsqu’elle
offre une suite de contradictions apparentes, trace une ligne
plus droite, plus profonde que toutes les lignes théoriques
auxquelles on est si souvent tenu de sacrifier le meilleur
de soi. ”. Ecrivant ces mots, Cocteau s’adressait
tant au commun des mortels qu’à la sphère de demi-dieu à laquelle
lui-même appartenait. Berri suit effectivement les conseils
du poète, mais il marche sur ses pas à reculons. Sa mise au
point est décalée.
Le plus incisif des films bucoliques, Une partie de campagne,
est sa référence cinématographique. Les œuvres de Ryman
(des monochromes réputés à tord ou à raison hermétiques) sont
à ses yeux les plus expressives. Il n’est donc pas étonnant
que pour illustrer soixante-dix années de sa vie passée il
ait choisi un angle de vue qui soit à la fois représentatif
et très particulier : un croquis à vif, oscillant entre
résignation et enthousiasme, qui lui impose un perpétuel recadrage,
nous oblige en permanence à prendre du recul.
Titre : Autoportrait Auteur : Claude
Berri Éditeur : Léo Scheer Collection : Federation
Léo Format : Broché - 358
pages Dimensions (en cm) :
14 x 3 x 21 Année : 2003