PEUT MIEUX FAIRE
Je commencerais dans une première
partie à parler de la forme du livre écrit par Dominique Chateau.
Ensuite, dans une deuxième partie, je traiterai du fond, avant
de tenter de conclure sur l'intérêt ou non d'acquérir cet
ouvrage. Vous trouvez les deux phares précédentes trop ampoulées,
tellement métastasées dans leur construction et dans le champ
lexical qui les constitue que vous avez envie de cliquer sur
un autre article d'Objectif Cinéma ? Et bien, ce n'est qu'une
faible imitation de ce que propose le livre de Dominique Chateau.
L'introduction dresse le décor dès les premières lignes. Nous
voici replacés sur les bancs de l'université face à un professeur
nous débitant son cours en trois parties. Comme tout bon universitaire
rompu aux techniques de la dissertation, Dominique Chateau
nous présente d'abord sa problématique : "dresser
le bilan des rencontres entre l'ensemble des phénomènes que
recouvre la notion de cinéma et le point de vue philosophique"
afin de donner à connaître au lecteur "quelques thèmes
de recherche dont il n'aurait pas encore évalué l'intérêt".
Il donne ensuite son plan : "Je partirai d'abord du
cinéma, de la manière dont il a (rarement) représenté le philosophe.
Ensuite, j'examinerai l'hypothèse d'un "cinéma philosophique",
ou, plus vraisemblablement, d'une pensée tangentielle à la
philosophie, soit qu'on envisage d'adapter des textes philosophiques,
soit que l'on revendique pour le cinéma (pour le film) une
capacité à philosopher de lui-même. Puis, renversant la vapeur,
je partirai de la philosophie (...) pour examiner les principales
voies d'exploration philosophique du phénomène cinématographique
et du phénomène filmique." Bref, Dominique Chateau
joue au bon élève.
La suite de son propos va se révéler tout aussi scolaire.
Cet auteur qui est professeur à l'université Panthéon Sorbonne
détient notamment la fâcheuse manie d'intercaler dates et
références textuelles à l'intérieur de ces phrases. Pas de
renvoi en fin de livre ou en bas de page, mais une succession
de parenthèses qui hachent la lecture, vous obligent à relire
des passages pour éviter de perdre le fil du texte et finissent
par donner un sacré mal de crâne. Exemple choisi au hasard
parmi un bon millier d'autres : "La réévaluation récente
de The Photoplay (cf. Jarvie, 1987, Caroll, 1996) autorise-t-elle
à considérer qu'il propose, du moins dans son volet psychologique,
"une perspective cognitiviste avant la lettre"
(Aumont-Marie, 2001 : 138), "un étonnant OVNI théorique,
annonciateur de l'approche cognitiviste du cinéma"
(Jullier, 2002 : 8 ; cf. aussi, Perron, 2001 : 280 ) ?"
On est proche de l'écriture kabalistique. Si ça se trouve,
Dominique Chateau a inséré dans son livre tout le manuel de
montage de la fusée Ariane à destination d'espions chinois
et la D.S.T n'y a vu que du feu ! (Ce qui précède est un petit
délire paranoïaque résultant d'un visionnage trop fréquent
des Trois jours du Condor !)
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