Quoi ? Comment ? Cet ancien Monty Python
développant en images des réflexions de grands penseurs ?
C'est une plaisanterie ? Pas du tout. Pour ceux qui ont suivi
le parcours des Monty Python, cette affirmation ne les surprendra
pas. Dans le spectacle enregistré Les Monty Python à Hollywood,
on peut ainsi voir deux sketchs faisant référence de manière
explicite à la philosophie. L'un en imaginant une partie de
football entre les philosophes grecs et leurs confrères anglais,
et l'autre décrivant Emmanuel Kant ainsi qu'un certain nombre
de ses camarades comme des piliers de bar invétérés. Bien
sûr, ce sont des pochades, mais en les décortiquant, on sent
poindre une solide connaissance des humanités, comme on disait
autrefois.
Passé derrière la caméra, Gilliam est allé plus loin. Dans
Brazil, il reprend en scénario des idées inscrites
dans les écrits de Boèce, philosophe romain qui écrivait que
l'imagination peut triompher de toutes les douleurs. Pour
supporter les tortures infligés par ses geôliers germains,
il disait inventer une Dame blanche magnifique de beauté et
d'intelligence avec laquelle il dissertait pendant que son
corps était malmené. Dans L'Armée des douze singes,
Gilliam s'appuie cette fois sur Platon et sa théorie du temps
cyclique et de la réminiscence. Et l'œuvre de Gilliam n'est
qu'un exemple parmi d'autres de ces instants où le cinéma
croise la route de la philosophie.
Il serait également nécessaire de parler du cinéma asiatique,
de l'influence de l'animisme dans les longs-métrages japonais...
etc. Mais pour cela, il faudrait écrire un livre qui s'intitule
aussi Cinéma et philosophie, mais dont le contenu renvoie
cette fois réellement au titre. Et non pas, comme l'a fait
Dominique Chateau - et encore de manière très contestable
à cause de ses jugements personnels dont le lecteur se fiche
royalement -, traiter du cinéma vu par la philosophie. En
conclusion, il n'est nul besoin d'acheter cet ouvrage imparfait,
incomplet, et à la lecture rendue parfaitement malaisée non
pas par la tenue de propos de haute volée intellectuelle,
mais par une mise en forme absolument indigeste.
Dominique CHATEAU est
professeur à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Il a publié notamment : Citizen Kane d'Orson
Welles (L'Interdisciplinaire, 1993), La Question
de la question de l'art (Presses Universitaires
de Vincennes, 1994), Arts plastiques : archéologie
d'une notion (Jacqueline Chambon, 1999) et Qu'est-ce
que l'art ? (L'Harmattan, 2000).
Titre :
Cinéma et philosophie Auteur :
Dominique Chateau Éditions :
Nathan Cinéma Collection
: nathan cinéma Format
: Broché - 190 pages Dimensions
(en cm) : 15 x 1 x 21