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All that Jazz (c) D.R. LIVRE

All that jazz, un siècle d’accords
et de désaccords avec le cinéma

Ouvrage collectif
Par Cécile GIRAUD


L’ouvrage compte-rendu du festival international du film de Locarno consacré aux rapports du jazz et du cinéma fait sien le titre double d’un film de Bob Fosse, au moment où un hommage est rendu au réalisateur et chorégraphe à travers un spectacle donné au théâtre du châtelet, reprenant quelques-unes des meilleures chorégraphies de celui qui a fait de la comédie musicale un art mélancolique et cruel, entre swing classique endiablé et modernité morbide. Pourtant, une seule occurrence est faite à ce grand amateur de jazz, danseur devant l’éternel, car cet All That Jazz s’intéresse plus au filmage de la musique-action que de la musique-mouvement…

  Ascenseur pour l'échafaud (c) D.R.
Entre historique et esthétique, All That Jazz propose un tour d’horizon des liens qui unissent le jazz et le cinéma, deux arts qui ont à peu de choses près le même âge, et qui se sont autant servis que desservis. D’abord, comment filmer le jazz ? Musique éminemment basée sur l’improvisation, quand elle n’est pas tout simplement free, alors que le cinéma, quoi qu’on en dise, est un art de la technique contrôlée, jazz et cinéma semblent être les frères ennemis, bataillant pour une domination totale du spectateur. Alors que le cinéma peut reléguer le jazz au rang de fond sonore (alliage paradoxal, comme le dit Alain Corneau lors de l’entretien qu’il a consacré Baptiste Piégay, tant il s’agit d’une musique forte), le jazz semble pouvoir avaler les prouesses cinématographiques, et même les dépasser lorsque la caméra se fait humble et laisse au musicien le loisir de développer ce qui jamais ne peut être connu d’avance. Le jazz, comme le cinéma, est un art du temps, qui demande un abandon total du réalisateur comme du spectateur. Ce rapport du filmeur et du filmé, Jean-Louis Comolli et Philippe Carles le sondent dans leur très bel article « L’œil contrôle, le corps écoute (filmer le free) », en se posant des questions qui restent sans réponse, mais qui font indubitablement progresser notre réflexion sur le filmage des sons, ou comment rendre concrète une entité invisible… Carles et Comolli nous transmettent leurs impressions et leurs interrogations de spectateurs et d’amateurs de jazz, leur perception d’un corps déchiré par la musique, d’une musique viscérale. Avec cet article, le jazz et le cinéma passent dans le camp de la sensation. Seule vraie réflexion théorique, « L’œil contrôle, le corps écoute » est un pendant nécessaire aux études historiques et politiques qui l’entourent.

Le jazz charrie avec lui tout un imaginaire et un vocabulaire passé au crible au long de neuf articles.