L’improvisation d’abord, renvoie immédiatement
l’imaginaire du cinéphile au seul cinéaste dont on a dit qu’il
improvisait : John Cassavetes. Lui aussi amateur de jazz,
son premier film, Shadows, est une somme des rapports
jazz et cinéma : affrontements entre blancs et noirs (une
jeune femme noire est prise pour une blanche), jazz utilisé
comme musique de fond, mais aussi jazz filmé, et bien sûr, improvisation...
De celui dont l’improvisation était toute relative, et qui a
nourri tout un délire autour de cette notion, les auteurs font
peu de cas contre toute attente, et sans doute heureusement,
tant cet aspect du cinéaste a été étudié.
Franco La Polla propose une petite histoire du jazz et du cinéma,
tentant justement de cerner la notion d’improvisation. Giampiero
Cane, lui, s’intéresse au politique, nous rappelant que le jazz
est une musique afro-américaine, et que le cinéma en l’utilisant
l’a souvent fait au profit de musiciens blancs, alimentant même
les principes racistes en vigueur, et les clichés liés aux jazz
(nuit, drogue, mort).
L’ouvrage se conclut sur quatre entretiens
avec des cinéastes et musiciens : Alain Corneau et Bertrand
Tavernier répondent longuement à Baptiste Piégay, qui leur pose
étrangement les mêmes questions, Ken Burns nous parle de son
métier de réalisateur de documentaire, et Lalo Schifrin de ses
expériences cinématographiques, malheureusement un peu trop
succinctement.
Une chronologie sélective clôt ce tour d’horizon des liens
entre jazz et cinéma, faisant de All That Jazz un outil
tant qu’un objet de plaisir, où des portraits de Chet Baker
côtoient ceux de Robert de Niro dans New York New York.
Et l’on s’aperçoit que l’histoire d’amour et de haine entre
jazz et cinéma est bien plus étendue qu’on ne le pensait.
Titre : All that jazz, un siècle d’accords et de désaccords
avec le cinéma Auteur : ouvrage
collectif Editeur : Cahiers
du cinéma