ANATOMIE DE CB
Robert : « Mais enfin, on n’est
pas là pour rassembler mais pour diviser ! »
Scénario Après la réconciliation d’Anne-Marie Miéville
Editions Cahiers du Cinéma, p. 87, 2000.
« C’est difficile de dire : je suis féministe et d’avoir
en même temps une bite dans la bouche ! »
Barbara Kruger, cité par Claude Guillon dans Le Siège
de l’âme, éloge de la sodomie
Editions Zulma, p. 127, 1999
« L’argent afflue vers la bêtise. C’est comme une politique
d’abaissement. Cela va jusqu’à nier les auteurs. Les producteurs
de ces divertissements devraient payer un impôt à l’Education
Nationale pour abêtissement, alors qu’il faudrait pouvoir
donner aux enfants, aux gamins, l’envie d‚aller voir Kiarostami.
Je suis pour une taxe énorme sur les bombes à bêtise, sur
la machine à abrutir particulièrement les enfants ».
Propos de Catherine Breillat issus du livre de Claire
Clouzot, p. 155
Un
paradoxe vient d’être soulevé en ce début d’année 2004 : alors
que la cinéaste Catherine Breillat fait des films depuis près
de trente ans (Une vraie jeune fille, sa première réalisation,
date de 1975), il n’existait aucune étude un tant soit peu
sérieuse et approfondie sur une œuvre. Une œuvre cinématographique
(je ne connais pas ses nombreux romans) doublement marquée
de marginalité et de popularité sulfureuse depuis l’affaire
Romance en 1998. L’édition de deux livres est à ce
titre un événement, beaucoup plus important que la sortie
de son dernier opus Anatomie de l’enfer. Le terrorisme
intellectuel qu’impose assez perversement la cinéaste à son
public semble cette fois-ci ne plus fonctionner, tant le film
« s’auto-suicide » deux fois (manière de s’enfoncer
dans une solitude sans prise avec la compassion) : en sacrifiant
Rocco Siffredi, réel personnage romantique qui fasse corps,
et en surlignant jusqu’à l’excès l’horreur supposé de la femme
chez le spectateur mâle, sa ritournelle qui semble ne plus
faire valser les âmes. Au mieux le film irrite, au pire il
fait rire. Ne reste ici et là que quelques traces déposées
sur l'imaginaire mémoriel du spectateur, saisi par la beauté
quasi spectrale de quelques plans. Très curieusement, le film
clignote par intermittence d’effet flashs, d'un fugace sublime
lors de scènes mutiques de monstration (sang, anus, regard)
qui s'évaporent sous le discours redondant du propos (les
mecs sont des salauds impuissants, la femme victime christique.)
Alors que d’autre films, notamment Sale comme un ange,
Parfait amour ou 36 fillette proposaient une
aventure radicale du regard, et ce jusqu'au bout.
Une expérience de l’intime, du vivant, qu’hélas le cinéma
de nos jours n’ose plus (ou/et ne sait plus) faire (Monteiro
nous a quitté, il nous reste Oliveira le plus grand et Brisseau
en France). Alain Bergala a de mots très durs et très justes
pour dire l’asphyxie générale qui menace le cinéma français
de notre temps (lire à ce sujet sa très belle lettre adressée
à Arnaud Desplechin dans le numéro 588 de mars 2004 des Cahiers
du Cinéma)
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