Au fond, comme dans le premier film
de Philippe Harel, le film raconte l’histoire de garçons
qui veulent qu’on les embrasse. Tristan apparaît
ainsi comme une illustration divertissante de la théorie
houellebecquienne, selon laquelle la femme occidentale est
devenue inaccessible à l’homme ordinaire, obligé de se replier
sur les prostituées du tiers-monde. C’est bien à une femme
de ce genre qu’on a affaire avec ce personnage composé par
Mathilde Seigner, dont le métier-même, flic, indique symboliquement
la propension de la femme moderne à prendre la place traditionnellement
réservée à l’homme. Significativement, le film commence
par une scène de rupture entre cette femme et son amant,
qu’elle décide et accomplit avec une incroyable brutalité.
C’est dire que Tristan, derrière l’artificialité
distrayante et anodine de son intrigue policière, trahit
une discrète mais réelle misogynie, ridiculisant au passage,
à travers la psy savoureusement interprétée par Nicole Garcia
certaines théories féministes, à base de psychanalyse, qui
imaginent une domination masculine omniprésente (et qui
voient le mâle partout). Ainsi, derrière le portrait haut
en couleur d’une femme flic, dure et intraitable, le film
plaide pour la réhabilitation d’un homme moderne bien malmené
et injustement décrié. Au style un peu désuet, s’ajoute
un propos quelque peu « réac », mais qui donne
aussi son caractère et son identité au film.
Titre : Tristan Réalisateur :
Philippe Harel Scénariste :
Olivier Dazat Acteurs : Mathilde
Seigner, Jean Jacques Vannier, Jean-louis Loca,
Nicole Garcia, Michel Duchaussoy, Jean-Jacques
Vanier, Adina Cartianu, Daniel Cohen, Marie-Claude
Mestral Compositeur :
Alexandre Desplat Production :
Les Films de la Suane Producteur :
Philippe Rousselet Langues : français Sous-titres :
anglais Zone : 2