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Baby Cart (c) D.R. DVD

Baby Cart
de Kenji Misumi
Par Frank CARANETTI


SYNOPSIS : Lorsque Itto Ogami, le bourreau du Shôgun, est injustement accusé de vouloir renverser son seigneur, celui-ci refuse de pratiquer le seppuku rituel, et choisit de suivre la voie de la vengeance. Ogami sera désormais un assassin invincible qui, accompagné de son jeune fils Daïgoro, tuera ceux qui se mettront sur son chemin.

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POINT DE VUE

  Baby Cart (c) D.R.

Inspiré par le Manga de Kazuo Koike et Goseki Kojima  Lone Wolf & Cub , la série de six long-métrages Baby Cart suit les aventures de Itto Ogami et de son fils, depuis son éviction du Shôgunat (Le Sabre de la Vengeance) jusqu’à son combat avec le seigneur de guerre Retsudo Yagyu (Le Paradis Blanc de l’Enfer).

Ces personnages du « Loup Solitaire à l’Enfant » sont très populaires au Japon, à la manière de Zaitochi auquel Kenji Misumi consacrait un film en 1962, ou des quarante-sept ronins. Au début des années 1970, la Toho, menacée par la vitalité de plus petites compagnies, proposait à Misumi de transposer les aventures de Itto Ogami pour le grand écran avec l’aide du scénariste du manga original. Misumi, déjà connu pour son film Tuer ! (Kiru, 1962), acceptait dans l’espoir de renouveler la production nationale, souvent des films policiers ou semi-érotiques, et de tirer profit de la popularité des personnages.

Baby Cart (c) D.R.

Loin du film de sabre classique, la série des Baby Cart est une réussite parce qu’elle compose avec les règles du chambara qui obéit à des codes sévères depuis l’époque du muet. Aussi Itto Ogami n’est pas un héros. A la différence du Yojimbo / Toshiro Mifune de Kurosawa qui, selon Marc Douchet, symbolisait le « triomphe moral et éthique », la philosophie à laquelle il se réfère est pour le moins équivoque ; capable de protéger son fils avec tendresse ou de défendre les plus faibles, le « ronin » est également capable de transgresser les codes moraux de son époque et de tuer avec une sauvagerie rare. Le Japon de la période Edo est en effet cruel, et la sophistication des vêtements, la précision des corps athlétiques, gracieux, la communion, captée par la caméra, de l’Homme et de la nature, ne peuvent dissimuler un monde au bord du chaos. Chaque homme, poussé par le désespoir, la haine, ou bien encore l’appât du gain, peut se révéler un redoutable adversaire. Le « loup solitaire », poussant lentement un landau aux cloisons renforcées de métal et dissimulant un impressionnant arsenal, ce samouraï qu’on imagine invincible, correspond bien à cet univers mauvais. Pourtant sa violence, à la différence de ses ennemis, est tout entière soumise à sa volonté d’homme libre, ce qui fait de lui un personnage hors du commun.