Ogami Itto ne suit plus le code des Samouraï,
ou « bushido ». Il récuse le suicide rituel. En refusant
de mourir pour une faute qu’il n’a pas commise, l’ancien bourreau
dénonce l’absurdité d’une société qui, tout en promouvant l’action,
préfère par-dessus tout le symbole, le signe, fut-il vide de
sens. Au lieu du Samouraï pour qui seul le « daimyo »
(maître) et la défense du « han » (territoire féodal)
importe dans une démarche fanatique, Ogami n’est plus le sujet
d’une maison mais un individu à part entière, capable de forger
son propre code de conduite, au-delà du bien et du mal. Quoi
de plus naturel tandis que les seigneurs qui gouvernent le pays
ont depuis longtemps cédé à la corruption. Les aristocrates
qu’il rencontre au gré de ses rencontres, le chef du clan Kuroda
dans Le Territoire des Démons, Retsudo Yagyu dans Le
Paradis Blanc de l’Enfer, sont des vieillards peureux, dissimulateurs,
indignes des responsabilités qui les portent, alors que les
Samouraïs symbolisent encore l’idéal du Japon ancestral -Kambé
dans Dans la Terre de l’Ombre.
Entre un code d’honneur qu’il met
à mal et sa volonté de rétablir la réputation de sa maison,
Ogami symbolise autant une critique acerbe du Japon en déliquescence
que l’espoir d’une renaissance, politique et artistique.
La série Baby Cart résumera à elle seule cette ouverture
nécessaire du cinéma japonais alors en panne d’inspiration,
depuis l’hommage aux « westerns spaghetti » de
Leone lui-même largement inspiré de Kurosawa, aux références
du dernier volet à James Bond.
Si la série est quelquefois inégale,
Baby Cart est un objet fascinant parce qu’il symbolise
le sursaut d’orgueil d’une industrie que Nagisa Oshima décrivait
quelques années plus tôt comme « asthénique ».
A la manière des films « pop » de Seijun Suzuki,
le cinéma de Misumi déborde d’énergie et se distingue par
ses très nombreuses prises de risque. Les scènes sanglantes,
érotiques, se succèdent rapidement, entre des scènes d’une
réelle poésie où le monde de Ogami semble, pour quelques
instants seulement, avoir retrouvé la paix. Dans ces moments
de pur plaisir, Baby Cart réconcilie tradition et
modernité, Orient et Occident, succès populaire et expérimentation,
et prouve à de nouvelles générations de metteurs en scène
qu’ils devront désormais se réapproprier leur héritage culturel
et cinématographique.
La série de
mangas « Lone Wolf
& Cub »
de Kazuo Koike et Goseki Kojima est publiée en
intégralité en version américaine aux éditions
Dark Horse Manga. En France, la série est en cours
de publication chez Génération Comics.
Editeur :
HK vidéo Langue : japonais Sous-titre :
français Zone : 2
Coffret
n°1 : Baby Cart (1) : Le
Sabre de la Vengeance de Kenji Misumi, Baby
Cart (2) : L’Enfant-Massacre de
Kenji Misumi, Baby Cart (3) : Dans la
Terre de l’Ombre de Kenji Misumi
Coffret
n°2 : Baby Cart (4) : L’Ame
d’un Père, le Cœur d’un Fils de Buichi Sato,
Baby Cart (5) : Le Territoire des Démons
de Kenji Misumi, Baby Cart (6) : Le
Paradis Blanc de l’Enfer de Yoshiyuki Kuroda