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Dans Infidèlement vôtre,
l’écriture est à la fois géniale (l’idée de filmer à trois
reprises la formation des fantasmes du personnage principal
pendant qu’il dirige son orchestre lors d’un concert, le
tout en parfaite adéquation avec les musiques de Rossini,
Wagner et Tchaïkovsky), et totalement construite :
chacun de ces fantasmes a une durée précise qui va en diminuant,
et qui illustre les sentiments que la bande musicale sous-entend
(passionnelle pour Rossini, d’une belle retenue chez Wagner,
enfin, d’une incroyable folie chez Tchaïkovsky).
Infidèlement vôtre a tour à tour des élans de film
noir, de film d’amour, et de pure comédie.
La scène burlesque par excellence est celle de la mise en
pratique du plan de vengeance de Rex Harisson, dont l’échec
futur est criant, à travers le crescendo de la mis en scène
de cette lutte perdue d’avance entre De Carter et les objets :
la vengeance de l’inanimé sur l’animé !
Comment filmer un homme en plein fantasme ? Preston
Sturges propose un ingénieux et fluide travelling avant
sur son interprète principal pris d’abord dans son environnement
familier (entrain de diriger un concert), puis la caméra
resserre son attention sur les gestes et le maintien du
héros, pour s’arrêter finalement sur le visage, puis l’œil
et son intérieur profondément sombre. Fondu enchaîné, nous
sommes à présent dans la pensée de De Carter.
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Sturges a également des trouvailles
sonores qui accentuent le burlesque de certaines de ses
scènes. Les machines déraillent avec fracas, les téléphones
occasionnent d’incessants croque en jambes, la pendule s’étranglant
à diverses reprises pour ponctuer le récit, bref tous ces
petits détails sonores rappellent que le cinéma est aussi
et surtout une affaire de son !
L’entretien intitulé fort à propos « Fidèlement vôtre »,
réalisé avec la femme de Preston Sturges, souligne le respect
et le dévouement que Sturges a toujours porté pour ses comédiens.
Une fois de plus, Infidèlement vôtre met en scène
cette « troupe Sturges », tout en étant ouverte
à de nouvelles têtes comme Rex Harrison et Linda Darnell.
Rex Harrison, qui se débat avec acharnement avec tous les
objets de sa chambre d’hôtel, n’avait tourné jusqu’à présent
dans aucun film comique. Son flegme tout britannique et
son sens du timing dans l’exécution du gag à l’écran, implique
une direction d’acteurs très pointilleuse de la part de
Sturges, qui aimait cependant travailler aussi dans l’improvisation,
comme nous l’explique sa femme, Sandy Sturges.
Energique, le personnage de Preston Sturges l’est tout autant
verbalement que physiquement : le gag n’en est que
plus réussi, le film noir plus efficace, l’histoire d’amour,
plus touchante.
Les bonus :
Introduction par le Monty Python : Terry Jones (15 mn),
Preston Sturges et la Screwball Comedy, entretien avec Marc
Cerisuelo (20 mn), Analyse d’un fantasme, analyse de film
par Marc Cerisuelo (10 mn), Fidèlement Votre, Preston Sturges
vu par sa femme Sandy Sturges (20 mn)
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Titre
: Infidèlement vôtre
Réalisateur : Preston
Sturges
Acteurs : Rex Harrison,
Linda Darnell, Barbara Lawrence, Kurt Kreuger,
Rudy Vallee, Lionel Stander
Format image : Full
Screen (Standard) - 1.33:1
Langues : Anglais
Sous-titres : Français
Éditeur : Carlotta
Films
Présentation : Snap
Case
Durée du Film : 105
mn
Zone : Zone 2
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