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Si ce nouveau film comporte des
références bien précises qui appartiennent au monde du cinéaste-écrivain
et qui peuvent échapper aux néophytes, Cette Femme-là
déconcerte également les aficionados, en grande partie
à cause d’un scénario qui triture même les conventions Niclouesques.
Par exemple, le cinéaste, d’ordinaire très ancré dans le
réalisme, ponctue son récit de séquences oniriques imprévues.
Elles n’altèrent cependant en rien la bonne structure d’une
narration à la fois maîtrisée et alambiquée. Au mieux, cela
confère des pics de suspens très efficaces. Pour faciliter
le voyage, il ne faut pas se poser trop de questions, accepter
le vertige et prendre le film pour ce qu’il est: un thriller
horrifique.
Et c’est là que se révèle le véritable tour de force du
film. Si, sur le papier, on pouvait avoir peur que le réalisateur
du Poulpe s’engage sur la voie du whodunit
français et s’embarque dans un sous-thriller post-Se7en,
il n’en est rien à l’écran tant Nicloux construit un scénario
intelligent à grands coups de jeu de mots désopilants, instille
un univers bien à lui, et regarde ses acteurs se fondre,
se perdre avec une jubilation communicative. Petit à petit,
les intrigues disparates (la passade amoureuse, le décès
du fils, les morts qui se multiplient…) et les enquêtes
parallèles (une étrange affaire de pendaison) se croisent
parmi les rêves épouvantables de cette femme-là. Le film
prend la forme passionnante d’un puzzle dans lequel il faut
assembler un à un les morceaux pour donner un ensemble cohérent.
Visuellement, c’est splendide parce que le travail formel
du chef opérateur Pierre-William Glenn donne une seconde
épaisseur au film. Par moments, l’interaction des images,
de la musique, des acteurs et des dialogues est tellement
forte qu’elle fait naître des émotions réelles qui confinent
parfois au sublime.
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Au milieu de ce cauchemar, il y
a une présence étincelante : Josiane Balasko, extraordinaire
dans ce rôle de femme en panne d’elle-même, qui tente désespérément
de s’accrocher à la vie. Son personnage d’une extrême complexité
est assailli de visions répétitives (cette rue déserte,
lumineuse, a priori apaisante) et d’apparitions subreptices
d’hommes mystérieux avec un k-way (cela possède une signification
qu’il serait bon de ne pas déflorer) qui vont la guider
dans son enquête nébuleuse. Seule, confrontée à ses propres
démons, elle tente de vaincre ses peurs les plus enfouies
pour progresser des ténèbres vers la lumière. Son chemin
sera long, douloureux mais quand elle l’aura fait, elle
pourra enfin vivre. Formidable leçon de vie, subtil portrait
de femme meurtrie, grand film.
Bonus :
le commentaire audio du réalisateur et 2 journalistes spécialisés
polar, les interviews de Josiane Balasko, du compositeur
et du chef-opérateur, "Lucie": le court-métrage
de Guillaume Nicloux, les projets d'affiches, les liens
internet
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Titre : Cette femme-là
Réalisateur :
Guillaume Nicloux
Scénariste :
Guillaume Nicloux
Acteurs : Josiane
Balasko, Eric Caravaca, Aurélien Recoing, Frédéric
Pierrot, Thierry Lhermitte
Compositeur :
Eric Demarsan
Dialoguiste :
Guillaume Nicloux
Directeur de la photographie
: Pierre-William Glenn
Ingénieur du son :
Jérôme Pougnant, Pascal Villard, Jean-Paul Hurier
Monteur : Guy
Lecorne
Chef décorateur :
Olivier Radot
Langues et formats sonores : Français (Dolby Digital 5.1), Français (Dolby
Digital 2.0 Surround)
Sous-titres : Anglais
Présentation : Snap
Case
Format image : Cinémascope
- 2.35:1
Éditeur : TF1 Vidéo
Date de sortie : 15
Octobre 2003
Durée : 1h 40mn
Zone : Zone 2
Pays : France
Année : 2003
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