Quand Frank Black chante « vouloir
vivre à Los Angeles », c’est au Los Angeles de Patagonie
qu’il pense, à mi-chemin de la frontière argentine, et non
pas à celui de l’état californien, ville d’O. J. Simpson et
des personnages de Bret Easton Ellis, sans doute parce qu’il
vaut mieux vivre à l’autre bout du monde que du côté de Hollywood
ou de Sun Valley.
Los Angeles est en effet une ville à part, le philosophe Jean
Baudrillard notait ce « spectacle inouï de ces milliers
de voitures circulant à une vitesse égale, dans les deux sens,
ne revenant de nulle part, n’allant nulle part » comme
une métaphore de l’Amérique consumériste seulement préoccupée
de vitesse, d’apparence, et qui résume à elle seule le conflit
d’idées entre européens et américains.
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Los Angeles est régulièrement à la
une de l’actualité pour ses émeutes raciales, ses violences
policières ou ses vedettes capricieuses. On peut donc s’étonner
que la ville soit si chère au cœur de John Carpenter. « J’aime
Los Angeles » dit-il, « Pour moi c’est
le paradis. Je l’ai toujours aimée, j’ai toujours eu beaucoup
d’affection pour cette ville depuis l’instant où j’y ai
posé les pieds. » . Le cinéaste américain y a d’ailleurs
situé l’action de bon nombre de ses longs métrages, de Assault
on Precinct 13 –Assaut- en 1976, jusqu’à Escape
from LA -Los Angeles 2013- en 1996.
They Live est le film le plus ouvertement politique
de John Carpenter, attaque sans équivoque contre les spectres
de l’Amérique Reagan-ienne et l’Ecole de Chicago qui mettront
à genoux le modèle « social » des Etats-Unis où
les pauvres sont désignés, avec l’arrivée des ultra-libéraux
au pouvoir, comme des freins à l’expansion économique. C’est
également le retour du cinéaste vers le cinéma indépendant,
suite logique de Prince of Darkness sorti un an plus
tôt sur les écrans, avec ici encore un budget réduit de
4 millions de dollars et en vedette un acteur non professionnel,
Roddy Piper, ancien héros de la World Wrestling Federation.