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Prenons
La reconstitution, Trop tard et le Chêne :
Pintilié y restitue adroitement l’atmosphère inquiétante des
sociétés totalitaires tout en filmant ses personnages avec
une profonde humanité et une grande poésie. Tout Pintilié
réside dans cette subtile et si périlleuse alliance d’éléments
drôles et absurdes d’une part, terrifiants de l’autre. Bon
nombre de ses films commencent ainsi comme une escapade et
ne sont pas sans rappeler un univers dans lequel Kusturica
n’a cessé de puiser (poésie du désordre auquel participent
entre autres la musique, les animaux et les véhicules). Dans
le même temps, un autre thème se développe - quant à lui complexe
- dont le propos n’est pas tant d’avancer des réponses que
de susciter des vertiges, de pointer le doigt sur les conséquences
possibles de systèmes fondés sur un dogme (La reconstitution,
Trop tard, Un été inoubliable). Ces vertiges possibles
trouvent logiquement des correspondances dans l’espace, les
films s’intéressant tantôt espaces sous terrains (dans Trop
tard) tantôt aux lignes d’horizons censées abriter les
barbares (il y a dans un été inoubliable quelque chose
du Désert des tartares). Ce savant mariage de deux
tons est finalement l’une des manières les plus humanistes
de parler d’un monde rongé par l’histoire, cela même si chaque
film est entaché d’un deuil et laisse inévitablement un goût
amer. On aurait tort de voir dans les films de Pintilié des
films sur une époque, sur un régime. Car leur actualité la
plus criante est bel est bien de pointer le doigt sur une
anomalie fondamentale qui fait des hommes les victimes d’une
histoire qu’il serve sans en avoir conscience. Un monde de
pantins, brutal et absurde, donc risible. C’est le monde de
Pintilié, mais aussi celui - de plus en plus - de réalisateurs
dominants qui préparent en sous-main une reconversion salutaire.
Spielberg avec Terminal ? Possible.
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Bonus :
Les bonus sont légions dans cette collection. Chaque film
est accompagné d’une présentation - toujours érudite - de
Michel Ciment ; d’une mise en perspective de Pintilié
souvent longue et détaillée et parfois d’un entretien avec
Marin Karmitz. Les films sont passés à la loupe, disséqués,
et replacés dans l’œuvre du réalisateur. Force est de reconnaître
que ce travail d’édition est fort appréciable et permet à
un auteur bénéficiant aussi peu de la faveur des médias de
prendre le temps de s’étendre sur certains thèmes et de revenir
en détail sur l’ensemble de ses films.
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