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Qu'on ne nous bassine plus
avec ces saloperies de phrases douillettes et casse-sphincters
sorties d'une cuisse de Jupiter mutilée : "un artiste,
c'est celui qui crée". Le ver dans la pomme discursive,
les métastases dans la lucidité. Il est des
jours où, sincèrement, l'on s'égare volontiers
en nostalgie d'embastillement format 16/9ème. A défaut
de taule pour les fringuants flingueurs de la sublimation,
on peut toutefois s'autoriser à leur administrer quelques
menues torgnoles qui de toute manière ne feront que
frôler le sens critique de ces vassaux de la pensée
désespérément chiante, elle-même
laquais de notre chère époque.fr(ileuse). Qu'on
se le dise : l'artiste avec un A comme autiste est celui qui
détruit, qui égorge la banalité sordide
du quotidien. Point pas com mais barre.
Mélodiquement et textuellement, Daft Punk, NTM, Murat,
Björk, Radiohead, Sonic Youth, Aphex Twin ou Comelade,
pour ne citer que quelques références "fnaciennes"
très contemporaines, sont des cheveux bien gras dans
le potage de Lexomil qui, actuellement, endort un peu trop
les cons-sommateurs que nous sommes : la partition iroquoise
portant la rectitude de leurs morceaux gueule-de-bois et de
leurs paroles cradingues jusqu'au plus haut des cieux de l'ébouriffement
créatif, jusqu'à un insoutenable chaos auditif.
L'enfance ou l'errance de l'art, au choix. Accouchement aux
forceps. Guitare en sueur, riffs en friches, rimes pas fresh,
samples repoussants. Voilà des mecs et des meufs à
la pilosité musicale ultra excitante qui rabattent
le caquet des canons, défroquent les normes, foutent
la rhétorique régissant leur écosystème
cul par dessus-tête. Ces artistes velus à des
confins d'un confort décidément toujours moderne,
et ce quel que soit le segment temporel que celui-ci traverse,
laissent boiter loin derrière eux les petits freluquets
frimeurs aux arrangements trop chiadés pour risquer
leurs frêles épaules contre les parois de l'audace
(Richard Aschcroft et sa brandade de pop paternelle bien gentille,
par exemple).
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Cinématographiquement,
à présent, ils ne sont pas légion ceux
qui, à l'instar de leurs homologues musicos, rentrent
de nos (e) jours dans le bide bedonnant de la facilité,
osent forniquer avec le danger plastique ou le vertige du
fond; frottent leurs burnes contre le vagin de l'insécurité,
l'anus de l'instabilité. Eastwood, toujours aussi incontestablement
majestueux, se heurte à l'auto-clonage, à l'auto-parodie
convenue, se condamnant malheureusement à la potence
de la répétition. Son Space Cow Boys
refoule la sénilité, dans ce qu'elle a de plus
pathétique, à pleines muqueuses. La carte vermeil
a encore de belles rides devant elle. Autre génération,
autres mœurs, autre relation à la chose sexuelle, panoramique
et frondeuse - car la chair est omniprésente n'en déplaise
aux barons du balai dans le cul: Harmony Korine. Petit "morveux
polymorphe", comme l'a si judicieusement et pas plus tard
que récemment customisé le souvent juste Azoury
(in "Libé" du 13 septembre 00). Ce petit empêcheur
de certifier en rond, en boucle qui, expériences filmiques
après éjaculations scénaristiques précoces,
s'en va conter fleurette aux mornes archétypes ("mornes"
et "normes" ne sont-ils pas des anagrammes, des miroirs dessinant
avec une exactitude sidérante l'ennui que l'un et l'autre
reflètent ?) parvient à faire s'effondrer les
remparts dressés par la convention. Le branleur détruit
tout sur son passage, à commencer par sa vilaine frimousse
de model Calvin Klein déchirée par les substances
les plus illicites et les happenings fight clubbings des plus
succulents (tournage l'an dernier de Fight Harm où
le bel hideux se faisait tabasser par le premier venu). Remplissant
son rôle d'artiste sancitfié via l'alpha et l'oméga
de la correction infligée aux trop sages, aux morts
en sursis.
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