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Du poil sous les roses (c) D.R. LE CASSE ADOS



Par Cyrille GUERIN


Basta "l'eau précieuse", bienvenu à l'eau bénite ou plutôt l'ado(lescence) bénite. Les jeunes pousses sont actuellement en odeur de sainteté dans les ordres cinématographiques. Il était grand temps que des hérétiques amènes relisent et dépoussièrent les évangiles selon saint dégonflé Danny Boyle. Ras le bol de ces coupes, de ces calices, faussement hirsutes. The Virgin Suicides, Esther Kahn et prochainement Du poil sous les roses entreprennent enfin de redonner tout son sens, tous ses sens, l'äge bête. Vive l'abjuration : la messe est dite



  Les Enfants du marais (c) D.R.

Nous vivons une époque qui fonctionne à rebours à défaut d'emprunter les chemins beaucoup plus casse-gueule, mais tout aussi goûteux, du rebrousse poils. J6M a beau se foutre, par le truchement d'une communication point conne, à poil à toute vapeur chez Pivot, F.O.G. ou Sylvestre, reste que... faudrait pas nous prendre pour ce que nous ne sommes pas encore complètement, à savoir : des cons.

A boire ses paroles, on prendrait Messier pour un enfant du bon dieu bouffant les pissenlis de l'authenticité franchouillarde - Les Enfants du marais - par la racine. Un type pas docile et enfanté par une rébellion qui, s'il y ajoutait un peu plus de beurre d'hardcore demi-sel dans ses épinards, ferait presque frémir les hymnes punk de Sid Vicious et autres Joe Strummer, période nerfs à fleur de trop.

Mais le commandeur de Vivendi et sa créativité statufiée, les yeux invariablement rivés vers l'autre côté de l'Atlantique et ses modèles, n'est pas cela. Il n'arrive même pas aux talons de l'ombre de la remise en question, la révolte pour les lecteurs des Echos. Jean-Marie Messier réclame le contre-pouvoir comme un animal un asile à vie dans une quelconque SPA. Pas plausible. Messier est à l'image de bon nombre de ceux qu'il gouverne, méprisant le doute. Voilà pourquoi on n'imagine mal le gus instiller quelques unes de ses stock-options dans les films de Sofia Coppola ou d'Arnaud Desplechin.

Esther Kahn (c) D.R.

The Virgin Suicides et Esther Kahn sont des contre-pouvoirs. Des fauves en cage qui attendaient patiemment que le public assommé par la débauche d'hypocrisie marketée de Trainspotting, Boys don't cry et Human Traffic, pour ne citer que ces objets d'onanisme mal branlés, ait suffisamment de quoi gerber pour sortir leurs griffes. Taillant l'herbe sous le pied de la bonne attitude, ces deux sommes ne sont rien d'autre que des enfants sauvages parce que, tout simplement, elles échappent à leurs récepteurs, voire peut-être même à leurs émetteurs.