ncorruptibles,
les sœur Lux et Esther rendent la monnaie de leur pièce
aux marchands du temple, crevant un à un les boutons
d’acné jonchant les faciès du perfide Boyle
et du local Zonca. Les protagonistes des deux réalisateurs
sont cernés, dans les deux sens du terme. Par une
volonté farouche mais par trop m'as-tu-vu de faire
mordre la poussière aux autres, aux vieux, par opposition
à l'âge des figures qu'ils mettent en scène,
mais pas à mort. Chez Coppola et Desplechin, les
héros n'ont pas d'âge. C'est là que
demeurent leur mérite et leur gloire. Ils portent
la vie et la mort comme les ados éternels qui parsèment
notre environnement leur touchant sac à dos. Refuge,
souvent porté maladroitement, de misères,
de hantises, de complexes et d'incompréhensions pas
encore pansés.
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Leurs trajectoires respectives
sautent aux mirettes, explosent la rétine et les
conventions du genre. Percluses dans leur famille ou leur
mutisme, Les Lux sisters et Esther n'ont pourtant pas besoin
de béquilles pour avancer. Elles n'ont cure des subalternes
ou des subordonnées qui pourraient telles des mines
anti-personelles gâcher leur route. Propositions indépendantes
de leur devenir, elles dédaignent faire leurs preuves,
taillant à la serpette les ronces qui jalonnent leur
chemin de croix. Les marionnettistes qui les articulent
ont bien pris le soin de poser les itinéraires de
leurs nobles pantins sur une nappe monde scénaristique
pas encore exploitée, ce faisant les Coppola et Desplechin
remettent les pendules à l'heure - la trotteuse est
alors ralentie dans sa course frénétique contre
le n'importe quoi à tout prix sans concession, et
la bible du film d'ados à sa place, là d'où
on n'aurait jamais dû la sortir du reste.
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L'adolescence n'est pas
une transition, mais un état. Définitivement
pas une manière d'être dictée par quelques
stylistes ou pubeurs en mal de tendances à se carrer
sous le coude. Mettons sous les verrous les gentils freluquets
d'American Pie, commençons plutôt par
bouffer la pomme par le trognon et non pas jusqu'à
celui-ci. Ce sont les leçons de The Virgin Suicides
et d'Esther Kahn qui nous exhortent doucement mais
sûrement à chialer sur notre fichu sort, loin
des dogmes religieux de tous horizons. Et à reconnaître
une bonne fois pour toutes que nous n'évoluons pas
pour autrui, mais pour nous avant tout. Ni pour nos parents,
ni pour nos proches. Mais à leur côté.
Juste à leur côté. Amen.