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Vercingetorix (c) D.R. DE L'IMPOSSIBLE JUBILATION
DU PRECIS HISTORIQUE


Vercingétorix
de J. Dorfmann
Capitaines d'avril de M. de Medeiros
Harrison's Flowers d'E. Chouraqui


Par Nicolas CHEMIN



  Vercingetorix (c) D.R.

Fortuite rencontre, le hasard de la programmation cinématographique nous envoie la même semaine trois coagulations des plaies de l'Histoire. Trois croûtes donc, en langage courant. Aussi différents que les époques qu'ils abordent, tous obéissent pourtant à cette même trajectoire sclérosante du cinéma historique perdu dans les affres de la reconstitution : l'inénarrable précision. Le tour d'horizon débute par un bonbon acidulé parfum cyanure, Vercingétorix. Fichtre nom d'une bouse... Christophe Lambert, arborant une magistrale pilosité, s'épuise à défendre une Gaule agonisante face aux douloureuses manoeuvres césariennes. Assisté dans sa tâche par les ex-rugbymen et néo-comédiens (ayons foi en l'avenir et espérons l'inverse avant de suggérer l'euthanasie) Jean-Pierre Rives et Denis Charvet, il jure d'aller "aussi loin que la nécessité le portera". Soit un projet historique, rétablir la vérité sur un personnage aussi célèbre que méconnu. Soit le postulat avoué du film, faire du gaulois un stratège. Soit une question : y a-t-il moins cinégénique que la stratégie? Dorfmann la figure pourtant, à la faveur d'une lègerissime métaphore ludique. Le barbare ne joue pas au Master mind, mais aux osselets (la rumeur dit qu'après avoir tenté de faire jouer Tarzan au Master Mind, ils ont choisi les osselets. Imaginez l'anachronisme si l'acteur avait été intelligent...) et y puise ses tactiques guerrières, tandis qu'une incessante musique pompière plombe la vertu soporifique de l'ensemble. Tony Truance nous réveille sans cesse, ce maraud. Reste l'humour involontaire distillé par des acteurs délicieusement sérieuxicides (mention spéciale au couple Lambert-Sastre). Ceux-là déclament moult répliques solennelles qui n'accrochent que le décalage. Dorfmann oublie Braveheart (Mel Gibson) mais se souvient de Postman (Kevin Costner). Farceuse mémoire: comme ce dernier, Vercingétorix enchaîne les tableaux jolis, les costumes et décors incroyables. Pareillement, l'esthétisation outrancière vient s'y briser sur un sous-texte émotionnel inconsistant et conventionnel. Dans ce puits sans fonds, le spectateur se jette et s'acharne à traquer la pépite de ridicule qui égaiera l'épreuve. Généreux, le film les distribue jusqu'au trésor final, monstrueux épilogue. Une voix rauque énonce ce qui s'imprime majestueusement sur le grand écran. " Deux ans plus tôt, vers deux heures de l'après-midi, Vercingétorix était exécuté sur ordre de César ". Pfffff....y z'ont même pas l'heure exacte... Trêve de plaisanterie (ben oui, c'est la fin du film...), lua bourde trahit une coupable ambition qui régit le projet. Le scénario, co-écrit par une historienne, joue la carte de la précision et pâtit de tous les travers liés à son didactisme : la bonne intention n'est pas gage de qualité.