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Fortuite rencontre, le hasard
de la programmation cinématographique nous envoie la
même semaine trois coagulations des plaies de l'Histoire.
Trois croûtes donc, en langage courant. Aussi différents
que les époques qu'ils abordent, tous obéissent
pourtant à cette même trajectoire sclérosante
du cinéma historique perdu dans les affres de la reconstitution
: l'inénarrable précision. Le tour d'horizon
débute par un bonbon acidulé parfum cyanure,
Vercingétorix. Fichtre nom d'une bouse... Christophe
Lambert, arborant une magistrale pilosité, s'épuise
à défendre une Gaule agonisante face aux douloureuses
manoeuvres césariennes. Assisté dans sa tâche
par les ex-rugbymen et néo-comédiens (ayons
foi en l'avenir et espérons l'inverse avant de suggérer
l'euthanasie) Jean-Pierre Rives et Denis Charvet, il jure
d'aller "aussi loin que la nécessité le portera".
Soit un projet historique, rétablir la vérité
sur un personnage aussi célèbre que méconnu.
Soit le postulat avoué du film, faire du gaulois un
stratège. Soit une question : y a-t-il moins cinégénique
que la stratégie? Dorfmann la figure pourtant, à
la faveur d'une lègerissime métaphore ludique.
Le barbare ne joue pas au Master mind, mais aux osselets (la
rumeur dit qu'après avoir tenté de faire jouer
Tarzan au Master Mind, ils ont choisi les osselets.
Imaginez l'anachronisme si l'acteur avait été
intelligent...) et y puise ses tactiques guerrières,
tandis qu'une incessante musique pompière plombe la
vertu soporifique de l'ensemble. Tony Truance nous réveille
sans cesse, ce maraud. Reste l'humour involontaire distillé
par des acteurs délicieusement sérieuxicides
(mention spéciale au couple Lambert-Sastre). Ceux-là
déclament moult répliques solennelles qui n'accrochent
que le décalage. Dorfmann oublie Braveheart
(Mel Gibson) mais se souvient de Postman (Kevin Costner).
Farceuse mémoire: comme ce dernier, Vercingétorix
enchaîne les tableaux jolis, les costumes et décors
incroyables. Pareillement, l'esthétisation outrancière
vient s'y briser sur un sous-texte émotionnel inconsistant
et conventionnel. Dans ce puits sans fonds, le spectateur
se jette et s'acharne à traquer la pépite de
ridicule qui égaiera l'épreuve. Généreux,
le film les distribue jusqu'au trésor final, monstrueux
épilogue. Une voix rauque énonce ce qui s'imprime
majestueusement sur le grand écran. " Deux ans plus
tôt, vers deux heures de l'après-midi, Vercingétorix
était exécuté sur ordre de César
". Pfffff....y z'ont même pas l'heure exacte... Trêve
de plaisanterie (ben oui, c'est la fin du film...), lua bourde
trahit une coupable ambition qui régit le projet. Le
scénario, co-écrit par une historienne, joue
la carte de la précision et pâtit de tous les
travers liés à son didactisme : la bonne intention
n'est pas gage de qualité.
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