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Son compagnon de léthargie,
Capitaines d'avril (Maria de Medeiros) semble forgé
par les mêmes gobelins. Moins attaquable cependant,
puisqu'ici point d’esbroufe ni de gros moyens déployés
pour une résultante bouffonne. Mais une actrice portugaise
(Pulp Fiction) qui décide de mettre en scène
la révolution des Œillets du 25 avril 1974. Soulageons
les incultes : le soulèvement en question a renversé
le fascisme au Portugal et amené PACIFIQUEMENT la démocratie.
Soit une question : y a-t-il moins cinégénique
qu'une révolte pacifique, excepté la stratégie
gauloise? On croise de sympathiques généraux
idéalistes tandis que Maria croise des destins personnels
en un point de l'Histoire où les histoires se recoupent.
Passé le charme de cet instant de fièvre, les
capitaines d'avril (et Doliprane) vous souhaitent une bonne
nuit. Chanceux seront ceux que les scènes de liesse,
étrangement sans souffle, réveilleront. Roberto
Faenza avait déjà fait une allergie aux œillets
avec Pereira prétend : de l'impossible jubilation
du précis historique.
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Le cas d'Harrison's flowers
est plus subtil, parce que plus douteux. Car il faut reconnaître
l'efficacité malaisante de sa mise en scène
barbare. Il faut saluer le regard posé sur cette guerre
d'ex-Yougoslavie. Puis regretter amèrement qu'il ne
s'agisse que d'un œil extérieur, d'un objectif de caméra
ou d'appareil photo perdu dans des conflits ignobles qu'il
ne saisit pas. Les fleurs d'Harrison fanent avant de fleurir
parce qu'elles ne donnent pas, mais infligent. Certes on ne
dort pas, cette fois-ci, et on est même choqué
par la violence des images d'un Elie Chouraqui qui a laissé
derrière lui hiberner ses Marmottes et divaguer
ses Menteurs. Serbes et Bosniaques? Cherche pas à
comprendre le pourquoi du comment de la raison de leur présence
mais adapte-toi, puisqu'ils sont là... Et passe entre
les balles parce que envers et contre tout, tu es l'héroïne
et tu retrouveras ton mari : tu as senti qu'il n'était
pas mort. Oh ouiouioui...c'est bien le chienchien...tu as
du flair...allez va chercher la baballe. Flûte ! Tu
l'as encore évité. Tiens c'est quoi qu'tu m'ramènes
là? Un légume et de la guimauve...Ah pardon,
c'est ton mari. Et il a le QI d'une fleur, ce pauvre Harrison,
maintenant. C'est bien fait, il avait qu'à pas être
dans l'histoire. Parce que l'Histoire, c'est du recul et des
enjeux, pas uniquement cette épuisante vérité
factuelle de la reconstitution. Welcome to Sarajevo
(M. Winterbottom) savait insuffler, en suggérant et
sans se complaire dans le reluquage, ce nécessaire
surplomb et traiter son sujet. Robert Kramer [dont le dernier
film, Cités de la plaine, connaît actuellement
une sortie posthume...le chef d’œuvre a été
vu par au moins quatre spectateurs payants] ou Chris Marker
sont les immenses garants de cette contre-trajectoire. Sans
reconstituer, ils pensent l'Histoire. A l'opposé, si
cette trilogie vous épuise, allez vous délecter
devant Le Pacte des loups. Christophe Gans fait de
L'Histoire un véritable carnaval et manie le n'importe-quoi
culturel avec une confondante maestria. Il n'endort ni ne
dérange, ne joue pas aux osselets, n'aime pas les œillets
ni les fleurs en général et son chien ne s'appelle
pas Andie MacDowell. Etrangement, son truc, à ce cinéaste,
c'est plutôt l'art graphique. Soit on pense, soit on
peint joyeusement. Mais aux chevaliers de l'académisme
mal digéré je clamerai bien haut qu'ils ne récolteront
que nouille à oublier le cinéma. Wouff !! Tais-toi
Andie...et arrête de jouer avec cet os, ma fifille :
elle avait dix ans cette petite Serbe...
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