Les pythies se seront
repues grâce à l'indécemment grandiose
Pacte des loups. Un an avant l'accouchement, le très
long-métrage de Gans, éternel en devenir et
inestimable cinéphage gracieusement boutonneux, baignait
déjà dans un buzz amniotique des plus priapiques.
|
|
|
|
|
Début janvier, soient
trois semaines avant le public, l'enfant prodige présentait
enfin sa face monstrueuse à ses oncles, tantes, parrain
et marraine de critiques Les dragées n'étaient
pas au rendez-vous, les moqueries sournoises bouffies par
un Viagra vaniteux remplaçant la pastille de bienvenue.
Les plumitifs mettront longtemps avant d'avaler la pilule.
La dérouille qu'ils viennent de prendre est à
la hauteur de leur vétusté gustative. Les adultes
n'ont vraiment rien d'exceptionnel "Les gens demandent
souvent à un artiste quelle est la forme de gouvernement
qui leur convient le mieux. C'est qu'il n'y ait pas de gouvernement
du tout". Oscar Wilde, of course. Les temps sont encore
un peu sauvages, un tantinet Wilde. Mes belles Adidas à
500 balles qui font se pamer mes potes exhibent, malgré
un entretien quasi parental (gomme, bombe anti-pluie et tout
le saint Frusquin made in Foot Locker) et après un
bon mois d'écrase merdes canines quelques traces de
crasse indélébiles. Le nubuk qui les recouvre
et qui sert à fabriquer les hits génialement
savonnés de Britney Spears (son concert historique
à Miami est aux visages Biactol ce que Woodstock fut
à Serge July, l'assurance hormonale de métamorphoses
en sus) n'est pas encore parfait. Logique, la main d’œuvre
exploitée qui coud les dites baskets rebriquées
par Madonna n'a même pas atteint l'âge de raison.
Avec son film protubérant tâtant toutes les mamelles
de la cinématographie, en quête intarissable
d'une mère, en pleine destruction d'une kyrielle de
pères légitimes, Gans, en gosse pourri gâté
qu'il est et qu'il reconnaît volontiers être,
contemple le marasme de la production actuelle. "Regarde
un peu la France / c'est magnifique toute cette torpeur /
tous ces anciens de l'adolescence", semble-t-il maugréer
en cœur avec l'infroissable Miossec (attention, nouvelle panoplie
de textes pyromanes du Breton bientôt dans les bacs).
Au-delà des lois, des diktats filmiques, des clivages
anciens contre modernes, ce Gans sorti des entrailles du cinéma
Bis semble apolitique, affublé qu'il est d'un gilet
par balles le protégeant de toute forme de médiocrité
scénaristique, narrative et stylistique. Résolument
apostolique. Christophe Gans est LA TRIQUE. Un conglomérat
ultime et messianique d'un monde en pleine mutation qui, par
la grâce d'un geste cinéphilique pur, innocent
et pourtant si bestial, se tartine la gueule d'un fond de
teint rabotant rides et ridules, estompant des marques certaines
de vieillesse.
|