Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     



 

 

 

 

 
Chritsopher Gans (c) D.R. L'IMPACT DES LOUPS


Par Cyrille GUERIN


Les pythies se seront repues grâce à l'indécemment grandiose Pacte des loups. Un an avant l'accouchement, le très long-métrage de Gans, éternel en devenir et inestimable cinéphage gracieusement boutonneux, baignait déjà dans un buzz amniotique des plus priapiques.



  Le Pacte des loups (c) D.R.

Début janvier, soient trois semaines avant le public, l'enfant prodige présentait enfin sa face monstrueuse à ses oncles, tantes, parrain et marraine de critiques Les dragées n'étaient pas au rendez-vous, les moqueries sournoises bouffies par un Viagra vaniteux remplaçant la pastille de bienvenue. Les plumitifs mettront longtemps avant d'avaler la pilule. La dérouille qu'ils viennent de prendre est à la hauteur de leur vétusté gustative. Les adultes n'ont vraiment rien d'exceptionnel "Les gens demandent souvent à un artiste quelle est la forme de gouvernement qui leur convient le mieux. C'est qu'il n'y ait pas de gouvernement du tout". Oscar Wilde, of course. Les temps sont encore un peu sauvages, un tantinet Wilde. Mes belles Adidas à 500 balles qui font se pamer mes potes exhibent, malgré un entretien quasi parental (gomme, bombe anti-pluie et tout le saint Frusquin made in Foot Locker) et après un bon mois d'écrase merdes canines quelques traces de crasse indélébiles. Le nubuk qui les recouvre et qui sert à fabriquer les hits génialement savonnés de Britney Spears (son concert historique à Miami est aux visages Biactol ce que Woodstock fut à Serge July, l'assurance hormonale de métamorphoses en sus) n'est pas encore parfait. Logique, la main d’œuvre exploitée qui coud les dites baskets rebriquées par Madonna n'a même pas atteint l'âge de raison. Avec son film protubérant tâtant toutes les mamelles de la cinématographie, en quête intarissable d'une mère, en pleine destruction d'une kyrielle de pères légitimes, Gans, en gosse pourri gâté qu'il est et qu'il reconnaît volontiers être, contemple le marasme de la production actuelle. "Regarde un peu la France / c'est magnifique toute cette torpeur / tous ces anciens de l'adolescence", semble-t-il maugréer en cœur avec l'infroissable Miossec (attention, nouvelle panoplie de textes pyromanes du Breton bientôt dans les bacs). Au-delà des lois, des diktats filmiques, des clivages anciens contre modernes, ce Gans sorti des entrailles du cinéma Bis semble apolitique, affublé qu'il est d'un gilet par balles le protégeant de toute forme de médiocrité scénaristique, narrative et stylistique. Résolument apostolique. Christophe Gans est LA TRIQUE. Un conglomérat ultime et messianique d'un monde en pleine mutation qui, par la grâce d'un geste cinéphilique pur, innocent et pourtant si bestial, se tartine la gueule d'un fond de teint rabotant rides et ridules, estompant des marques certaines de vieillesse.